Monday, September 1, 2025

Vitrines de la salle de Palmyre

 

Dans les vitrines de la salle de Palmyre sont exposés des textiles provenant des tours sépulcrales de la vallée des tombeaux, nécropole ouest: tombeaux de Jamblique et d'Elhabel et tour numéro 46. Dans chaque sépulcre ont été retrouvées des momies, les unes en place, les autres au milieu de fragments divers et plus ou moins mutilées. Elles étaient enveloppées de plusieurs couches de toiles superposées, collées ensemble par de la gomme de myrrhe qui les a teintées de brun et recouvertes d'une tunique de laine ou de soie, dont seuls des fragments ont subsisté dans les replis et les endroits protégés du corps. 

Ces tissus qui ont été minutieusement étudiés par M. R. Pfister présentent une variété de types et une richesse de matières beaucoup plus grandes qu'à Doura-Europos et que seule Palmyre a pu fournir aux trois premiers siècles de l'ère chrétienne.     

Les toiles de lin dont la technique est très raffinée sont généralement de couleur naturelle. Leur décoration très sobre consiste en bandes ou motifs de laine teints en pourpre véritable, en indigo parfois et rebrodés de fils d'or. 

Les laines ont une gamme de tissages, de couleurs et de décors plus variés. Elles sont unies avec des motifs rectilignes d'une seule teinte, notamment des doubles T, ou ornées de motifs multicolores en gobelins. Les tissus unis sont de plusieurs sortes: tissus cardés à surface soyeuse, tissus épais jaunes ou brun mordoré, très solides, qui devaint faire partie de grands manteaux, et des tissus sergés très précieux reproduisant des dessins de damiers ou de losanges. Les tissus rouge brun ou rouge violet, sur le fond desquels se détachent de fines bandes de gobelins polychromes dans des zones ombrées, proviennent probablement des vêtements iraniens comme ceux des reliefs palmyréniens. Ce sont cependant des produits syriens fortement influencés par le milieu et les traditions orientales de Palmyre et dont le décor végétal très stylisé est d'origine héllenistique avec des fleurs cordiformes et des branches fleuries sortant d'un axe imaginaire ou de sortes de parenthèses.      

Pour les soies un grand problème se pose, celui même de leur origine. Elles semblent avoir été importées de Chine, car elles présentent de grandes ressemblances avec des fragments de soie découverts à Noïn-Oula en Mongolie, et Léou-Lan dans le Tarim, et de grandes différences avec les soies du Proche-Orient. Tissées avec un métier mécanique, c'est la chaîne qui produit le dessin des soies damassés et les sujets se trouvent par conséquent dans le sens de la largeur, alors que c'est le contraire en Occident. De plus, le décor est typiquement chinois avec des masques de T'ao-t'ie, des animaux fantastiques et des dessins géométriques. Etant donnée leur extrême fragilité, les fragments de soie ont été trouvés en mauvais état, mais ils prouvent néanmoins le trafic commercial qu'entretenait Palmyre avec la Chine des Han   


Texte: Abdul-Hak (p. 48-49).



Sélim et Andrée Abdul-Hak. Catalogue Illustré du Département des antiquités Gréco-Romaines au Musée de Damas, 1951.

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