Le tableau numéro 13, peint à gauche de celui d'Aaron, et qui fait suite, a été conçu dans le même esprit. Il ne représente aucun fait historique précis, mais le peintre y a combiné des scènes de l'Ancien Testament en vue d'exalter l'œuvre de Moïse comme médiateur entre Yahvé et Israël. Le thème choisi est le miracle de l'eau toujours accordé à Israël dans ses pérégrinations du désert, et la continuation de ce miracle, le retour annuel des pluies et de la végétation, qui coïncide avec la fête des Tabernacles, instituée par Moïse. Comme dans la scène d'Aaron, nous avons donc ici un thème historique à signification liturgique.
Le cadre de la scène est le camp des Israélites dans le désert. On sait que chaque tribu y avait sa place et y était groupée autour de son enseigne de tribu (Nombres, II). Le Tabernacle était placé au milieu du camp.
Le peintre a schématisé ce décor en représentant douze tentes formant deux lignes courbes à droite et à gauche. L'artiste n'a pas cherché à peindre les véritables tentes du désert, si familières à Doura. Celles-ci, d'un tissu épais de poils de chèvre, sont noires ou brunes, brunes comme les filles du désert (Cantique des Cantiques, I, 5). Ces tentes rappellent de bien loin les "tentes de plage" que nous voyons dans le tableau. Leurs couleurs sont variées et peut-être en rapport avec les tribus; ces teintes sont, à droite, en partant du bas: vert, mauve, blanc, mauve, noir, rouge, et à gauche en continuant par le haut: noir, rouge, rouge, vert, mauve, rouge orangé. On se souviendra des vers de Balaam (Nombres, XXIV, 5-7).
Devant chaque tente se tient un petit personnage vêtu du costume perse, étendant les bras pour rendre grâce à Dieu. Chacun, regardant Moïse, "se tient debout à l'entrée de sa tente" (Exode, XXXIII, 8). Aucune grande figure ne faisait pendant à celle de Moïse.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
No comments:
Post a Comment