Un rapide examen des listes fait écarter de suite l'idée d'un "chaos". On trouve des séquences certaines. Au registre II, les numéros 15, 16, 17, probablement 18 et même 30 placé au-dessous du numéro 18, forment un cycle de Samuel; au même registre, les numéros 24 à 27, un cycle d'Élie, d'après le premier Livre des Rois. Au premier registre, les numéros 4 à 7 sont inspirés par l'histoire de Moïse d'après l'Exode. Les numéros 12 et 13 qui nous montrent deux fois la Tabernacle, avec Aaron à droite, et Moïse à gauche, ne constituent certainement pas un groupement fortuit. Ce dernier exemple nous montre que les peintres de la synagogue savaient grouper leurs tableaux autour d'une idée maîtresse, d'un concept, aussi bien dans une succession de faits. Dans ces conditions, il est très légitime de rechercher le plan de l'ensemble.
De premier registre nous ne possédons guère qu'un quart ou un tiers. Dans la partie conservée on reconnaît surtout une sorte d'épopée de Moïse. Qu'y avait-il avant, c'est-à-dire à droite? On n'aperçoit que la figure de Jacob (3), qui appartenait peut-être à un cycle de l'histoire des anciens patriarches. De l'autre côté, à gauche, un grand tableau était consacré au roi Salomon. Cette composition pouvait appartenir à un cycle des rois.
Le premier registre se présenterait donc comme une introduction rappelant les traits les plus saillants dans l'histoire de la nation.
La composition du second registre s'est faite autour d'une autre idée. Les numéros 12 et 13, groupant Moïse et Aaron, avec le Tabernacle et le mobilier rituel, donnent la clé: il s'agit d'un cercle liturgique, évoquant les rapports publics entre Dieu et Israël, c'est-à-dire l'application du Pacte sacré.
Le troisième registre paraît fort décousu à première vue. A l'examen, il nous semble que c'est une idée morale qui a présidé au choix des sujets. On a l'impression de feuilleter un recueil d'historiettes à conclusion moralisante, soit qu'on y aperçoive nettement le secours de Yahvé bénissant Israël (29, 30, 28, 26) et récompensant le mérite (20, 27, 26, 24, 23, 22), soit qu'on y voie la faute ou le crime puni (21, 28, 25, 23).
Après le cycle historique, et le cycle liturgique, nous aurions donc un cycle moralisateur.
Il faut remarquer de plus que les rabbins qui dirigeaient les peintres de la synagogue semblent avoir voulu rappeler, dans les tableaux bien en vue, les principales fêtes juives. On y remarque en effet un souvenir des origines de la Pâque (4), de la fête des Tabernacles (18), de celle des Pourîm (28), de la Dédicace (14), etc.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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