Ce grand portrait est situé à droite du tableau central. On y voit un vieillard debout, de face, le visage très légèrement tourné vers la droite. Il porte le costume grec, chiton, himation, sandales. Le vêtement est blanc; les clavi sont bleu foncé presque noirs. Le manteau passe sur les deux épaules, recouvrant les bras. Les mains croisées par devant sont soigneusement enveloppées dans les plis. Les mains enveloppées sont le signe du respect, spécialement dans les rapports avec la divinité ou avec ses représentants. On remarquera les tsitsit aux pans du manteau.
Le visage est encadré de cheveux blancs et d'une barbe abondante de même couleur. Comme pour insister d'avantage sur cette particularité, unique dans les peintures de la synagogue, l'artiste a figuré un panneau noir derrière la tête.
Au-dessus de cette panneau qui évoque l'idée d'un nimbe rectangulaire, apparaît, bordée d'une ligne blanche, la voûte céleste sur laquelle se détachent des astres: à droite, la lune dessinée en noir; elle est entourée de sept étoiles blanches, probablement une allusion au planètes; à gauche, le soleil est figuré par deux cercles bruns concentriques; de là partent seize rayons, chacun tracé en blanc est semblable à une échelle.
Le personnage représenté nous paraît être Abraham. Les étoiles placées au-dessus de la tête d'Abraham seraient une allusion au célèbre passage de la Genèse (XV, 5):
Et après l'avoir conduit dehors, il dit: Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit: Telle sera ta postérité.
Et après l'avoir conduit dehors, il dit: Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit: Telle sera ta postérité.
La présence de la frange, de la tsitsit, à l'angle du manteau, est un anachronisme, puisque ce signe est prescrit par la loi de Moïse (Nombres, XV, 37-38), mais c'est un anachronisme voulu; il s'agissait d'affirmer qu'Abraham était déjà en sa qualité d'Hébreux (Genèse, XIV, 13), en liaison religieuse avec les Juifs des âges suivants. Chose curieuse, les Musulmans ont eu le même souci de se rattacher à Abraham (Coran, III, 67-68):
Abraham n’était ni Juif ni Chrétien. Mais, il était entièrement soumis à Allah (Musulman). Et il n’était point du nombre des polythéistes.
Certes, les hommes les plus dignes de se réclamer d’Abraham, sont ceux qui l’ont suivi, ainsi que ce Prophète-ci (Muḥammad), et ceux qui ont la foi. Et Allah est l’allié des croyants .
Abraham n’était ni Juif ni Chrétien. Mais, il était entièrement soumis à Allah (Musulman). Et il n’était point du nombre des polythéistes.
Certes, les hommes les plus dignes de se réclamer d’Abraham, sont ceux qui l’ont suivi, ainsi que ce Prophète-ci (Muḥammad), et ceux qui ont la foi. Et Allah est l’allié des croyants .
Enfin l'allusion au respect du patriarche pour la divinité se rapporte à sa remarquable soumission et sans doute aussi au rôle considérable qu'il a joué dans le domaine religieux, non seulement en scellant l'alliance avec Yahvé, mais en créant, réglant ou ordonnant de nombreux rites, sacrifice, circoncision (Genèse, XVII, 10-14), etc.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
No comments:
Post a Comment