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Vitrine VI |
Vitrines VI, VII et VIII
Le musée de Damas possède une collection de verres de l'époque romaine extrêmement riche et variée provenant de divers points de Syrie. Les verres exposés dans les vitrines VI, VII et VIII ont été choisis parmi les plus beaux et les plus caractéristiques pour leurs formes et leurs couleurs (1). Ils montrent le point de perfection qu'avait atteint la technique de fabrication du verre et l'essor prodigieux qu'elle avait connu après la découverte du procédé du soufflage un siècle environ avant l'ère chrétienne, probablement à Sidon qui était le principal centre de cette industrie avec Alexandrie.
Bien avant cette découverte, la Syrie qui a toujours fait preuve dès la plus haute antiquité d'un goût inné pour les belles matières a produit des verres dès que la fabrication en a été connue dans le monde ancien. Mais en raison de la défectuosité du mélange et de la fusion des matières comme des conditions de cuisson, les premiers verres syriens étaient extrêmement fragiles et ceux qui nous sont parvenus sont fort rares. Ce n'est qu'au sixième siècle av. J.Ch que la fabrication du verre commença à se développer en Syrie, au moment où celle-ci tomba sous la dépendance de l'Égypte. Les vases de cette époque appelés "phéniciens" sont techniquement apparentés aux vases égyptiens. En verre opaque avec un décor linéaire de spirales ou d'ondulations peintes sur la surface, ils offrent la forme d'amphores dont les dimensions réduites les destinaient à renfermer des cosmétiques, des parfums, des huiles des onguents (2).
La découverte du soufflage du verre aboutit au développement de cette industrie non seulement en Syrie et en Égypte, elle se répandit aussitôt en Campanie, à Rome, et dans tout l'Ouest de l'Europe, mais l'Orient conserva cependant sa suprématie. Les verres étaient obtenus par le soufflage libre à l'aide d'une pipe et parfois du soufflage dans un moule. Ils recevaient après cette première opération des décorations variées en filets de verre qui s'enroulaient sur la panse et le col et des anses qui se compliquèrent et se découpèrent exagérément vers le quatrième siècle. D'abord reposant directement sur la panse, ils reçurent ensuite un pied et l'embouchure du col s'agrandit. Des pastillages et des torsades vinrent aussi s'ajouter ainsi que des dessins géométriques incisés dans la matière avant son refroidissement.
Une variété infinie de formes naquit ainsi en même temps que les efforts des artisans tendaient à colorer les verres transparents et aussi à produire des verres opaques aux riches et somptueuses couleurs.
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Vitrine VII |
Les verres du musée de Damas sont de formes diverses et délicates: coupes, gobelets, plats, bols, vases à anses, flacons en forme de grappe de raisin, d'animaux stylisés ou céphalomorphes, vases coniques ayant servi de lampes, ou tubulaires pour le kohl. Leurs couleurs où dominent le vert pâle et le jaune clair comprennent aussi une gamme variée de bleu-vert, bleu de cobalt, brun rougeâtre dans les vases de la vitrine VIII et de blanc laiteux dans les belles pièces de la vitrine VII où sont également exposées des plaques decorées de triangles en feuille d'or.
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Vitrine VIII |
Ce qui ajoute encore à la beauté de ces verres est l'effet chatoyant des irisations qui en recouvrent la surface. Ces irisations sont le signe d'une maladie du verre. Elles ont été produites par l'humidité du sol où ils étaient enfouis et qui avec le temps en a décomposé la surface. Elles sont cependant superficielles. Les verres les moins atteints sont recouverts d'une pellicule veloutée, brillante avec les couleurs de l'arc-en-ciel. Pour les autres, l'épaisse couche d'irisation qui les recouvre s'écaille facilement et se sépare du vase. Presque tous les verres colorés ont des irisations arc-en-ciel, dans les verres vert toutes les nuances du vert dominent et dans les verres rouge et violet, ce sont les nuances du rouge.
(1) Dans les réserves du Musée de Damas sont aussi conservées une grande quantité de ces verres.
(2) Dans la vitrine XXIX sont exposés quelques verres de ce type.
Texte: Abdul-Hak (pp. 104-105).
Sélim et Andrée
Abdul-Hak. Catalogue Illustré du Département des antiquités Gréco-Romaines au Musée de Damas, 1951.