Petite statuette en pierre blanche, d'un roi de Mari (hauteur: 0 m. 272), vêtu de la robe kaunakès, dans l'attitude de l'adoration, en marche, pied gauche en avant. Le nez a été mutilé, et les morceaux n'ont pu être retrouvés. La pièce fut recueillie sans ses pieds, mais ceux-ci gisaient à quelques pas. Le personnage est barbu et porte de longs cheveux. Ceux-ci, très soigneusement peignés avec raie au milieu, semblent se nouer par derrière en un large chignon qui retombe sur la nuque.
Le roi de Mari porte une barbe très longue, qui s'attache sous le bandeau des nattes, à la hauteur des oreilles et qui, coupée en collier, laisse les lèvres rasées. Très légèrement ondulée, elle se termine, taillée en carré, par de petites bouclettes. Le nez, nous l'avons indiqué, a été mutilé dans l'antiquité et la cassure endommagea en même temps la bouche. Les yeux sont évidés en amande, avec renflement de la pupille. A cause de cela et contrairement à la technique habituelle, rien n'a été incrusté. Les sourcils, dessinés par le creux qui souligne la paupière supérieure, s'écartent largement sans se réunir par la base. Les oreilles sont énormes.
Le roi est vêtu d'une robe kaunakès, à neuf rangs, qui laisse entièrement nus l'épaule, le bras droits et la partie correspondante de la poitrine. Le dos est largement dégagé, à droite et en biais, par ce vêtement qui drape entièrement épaule et poitrine gauches, s'enroulant même autour de l'avant-bras. Particularité de ce costume: il est muni par derrière et à hauteur du siège, d'une véritable « tournure », qui accentue encore la proéminence inélégante des formes du personnage. Il s'ensuit une véritable bosse à la base du dos. Ajoutons pour en finir avec la description de cette statuette, que le roi se tient dans la position du fidèle soumis, mais au lieu d'avoir les mains jointes, il s'écarte quelque peu de ce style classique, puisque sa main gauche supporte, en le serrant, le poignet de sa main droite fermée. L'homme est en marche, pied gauche en avant. Les chevilles sont particulièrement trapues et lourdes; cependant, au lieu de le reprocher à l'artiste, il faut bien plutôt le féliciter de sa hardiesse. Car il a osé détacher du socle la silhouette de son personnage, alors qu'habituellement ce socle, se relevant par derrière, fait corps avec le bas du vêtement, assurant une solidité plus grande et une meilleure stabilité. Et ceci explique l'empâtement des pieds que le sculpteur n'osa pas représenter plus finement.
La statue porte une inscription gravée sur la partie droite du dos et sur le derrière de l'épaule. Huit cases de signes qui donnent le nom du roi, celui de la ville, enfin celui de la déesse à qui l'objet est voué. Il s'agit en effet du roi de Mari, Lamgi-Mari, qui dédia sa statuette à la déesse Ishtar. Cette statuette doit être datée de la période contemporaine des premiers patésis de Lagash, si elle ne leur est pas légèrement antérieure. C'est la plus curieuse sculpture et historiquement la plus importante, sortie des fouilles de 1933-34.
Collection: Musée national d'Alep.
André Parrot. Les fouilles de Mari (Première campagne). Syria. Archéologie, art et histoire. Année 1935 16-1 (pp. 1-28).
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