Wednesday, December 18, 2024

Ebiḥ-Il

 

Petite statue en albâtre blanc, d'un homme assis (hauteur: 0 m. 52), vêtu du jupon à étoffe floconneuse. Contrairement au roi, il a le crâne absolument rasé, mais il porte cependant une barbe qui s'attache à la hauteur des yeux et laissant largement dégagées les pommettes des joues et les lèvres supérieure et inférieure, se termine assez court, en mèches calamistrées et bouclées. Les sourcils réunis à la base et incrustés de bitume, accentuent l'attache très fine d'un nez aquilin. Les yeux sont particulièrement soignés pour rendre le mieux possible la vie du regard. Raffinement de l'artiste qui a combiné le schiste, la coquille et le lapis lazuli, indiquant respectivement cils et paupières, cornée et iris. Les lèvres très fines esquissent un demi-sourire. 


Le rendu du reste du corps témoigne aussi d'une technique soignée. Le buste, entièrement nu, est parfaitement modelé et aminci à la taille. Les deux mains étaient ramenées sur la poitrine, jointes (main gauche fermée placée dans la droite), mais malheureusement le bras et le coude gauches ont été cassés dans l'antiquité et la base du coude droit écornée. Ayant le torse nu, le personnage est vêtu seulement du jupon avec le nœud plaqué au bas du dos. Mais cette fois, au lieu de représenter l'ensemble dans le style habituel du kaunakès, l'artiste a su parfaitement indiquer dans la pierre le floconneux des longues mèches de laine légèrement ondulées.


L'homme est assis sur un siège arrondi sans dossier, d'un type un peu spécial. Sans doute y verra-t-on un escabeau en bois, avec une enveloppe de joncs recourbés et tressés, le jonc seul ne nous paraissant pas donner une résistance assez grande. Les pieds manquent, mais il reste l'attache des chevilles qui sortent sous la robe. Le dos de cette statue porte une inscription de cinq cases. Il s'agit d'un objet voué à la déesse Ishtar. Un fonctionnaire, qualifié d' « intendant », s'est fait représenter dans la position de l'humilité. Nous daterions volontiers cette statue des environs de l'an 2950, car l'examen des signes de l'inscription obligea une date haute. Cet objet fut recueilli en deux morceaux, la tête à plusieurs mètres du corps, sur le dallage de la cour extérieure du temple.






André ParrotLes fouilles de Mari (Première campagne). Syria. Archéologie, art et histoire. Année 1935 16-1 (pp. 1-28). 
Localisation: Musée du Louvre

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