Tuesday, July 15, 2025

Lit d'Adonis

 


L'interprétation du groupe ne semble guère douteuse. Cette femme aux cheveux dénoués, vêtue d'une robe plate, est une pleureuse, et le dieu qu'elle sert est Adonis, quel que fût le nom qu'il recevait à Damas. On voudrait pouvoir préciser le moment de l'acte sacré que représente la scène. Ce qui reste du cou du dieu ne porte pas à croire que sa tête gisait inanimée sur les coussins du lit, mais plutôt qu'elle se relevait; et il semble probable aussi que le donateur d'une offrande aussi considérable ait voulu représenter l'épisode réconfortant où le dieu surgit de son lit de mort, plutôt que le moment lugubre où ses fidèles le croyaient perdu.

 
Notre ex-voto donne pour la première fois un témoignage direct sur le culte d'un dieu mourant et renaissant à Damas. Nous ignorons malheureusement quel nom portait ce dieu, et pouvons seulement conclure, de la présence des tritons et du dauphin d'Aphrodite, que son culte, au début du troisième siècle de notre ère, avait acquis certains traits helléniques, sans doute sous l'influence du culte phénicien d'Adonis. D'autre part, il ne semble pas douteux que la dédicace de cette offrande considérable ne soit due à un fidèle, dans les intentions duquel l'aspect mystique et eschatologique du culte avait un rôle prépondérant, ce qui est encore un aspect tardif.






Henri Seyrig
Antiquités syriennes. Syria. Archéologie, Art et histoire  Année 1950  27-3-4 (pp. 229-252).

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