Le lit que reproduit notre ex-voto est d'un luxe particulier. Son châssis est porté à chaque extrémité par un triton, qui fait face au spectateur, et déroule ses plis sur le petit côté du monument. Le dossier sinueux est orné d'un dauphin. Devant le lit, et ne semblant pas en faire partie, deux lions sont couchés dos à dos, présentant leurs têtes de face; chacun tient dans ses pattes un petit quadrupède étendu sur le dos, chevreau ou gazelle.
Le personnage couché sur le lit n'est pas dans l'attitude du banquet, si fréquente dans la sculpture funéraire de Palmyre. Il repose mollement, et les détails de son encolure, quelques mèches conservées de ses cheveux, montrent qu'il relevait sans doute légèrement la tête pour regarder le spectateur. Sa main droite, aujourd'hui perdue, était posée sur sa cuisse gauche et tenait un objet allongé dont la trace paraît être celle d'un rameau; sa main gauche reposait sur le cadre du lit, et semble avoir tenu un objet de même forme, mais plus grand, peut-être un chasse-mouches, qui pendait jusque sur le dos du lion: mais il se pourrait aussi que cet objet fût un pan de draperie, et que la main ne tînt rien.
Le costume du personnage est particulier aussi. C'est une longue et ample robe, parée d'une large bande médiane où court un rinceau de fleurs à quatre pétales; une ceinture serre la taille, ornée d'un rinceau de volutes, et fermée par une grosse boucle carrée. Un manteau enveloppe les épaules et les jambes, et porte, à droite, une fibule ronde, qu'il faut supposer dégrafée. Le cou est paré d'un pesant collier en torsade, fermé sur un gros cabochon rond. Les monuments des mortels ne les montrent jamais vêtus de la sorte. Notre personnage est donc un dieu, auquel convient aussi le collier en torsade, dont les dieux syriens sont parés très souvent.
A droite est sculptée une femme dont la faible stature, fort comprimée entre le bras du dieu et le dauphin du dossier, indique une mortelle. Elle est vêtue d'une robe mi-longue, sans nul ornement, sauf un collier à cabochon qui pare son cou. Bien que son visage soit brisé, on distingue encore que sa chevelure dénouée tombait sur ses épaules. Sa main gauche, perdue, tenait une cruche à panse ronde, dont la trace subsiste contre le groin du dauphin, et sa main droite lève une tasse à deux anses.
Henri Seyrig. Antiquités syriennes. Syria. Archéologie, Art et histoire Année 1950 27-3-4 (pp. 229-252).
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