Tuesday, April 29, 2025

Paysans et Bohémiens

 


Les fellahs, c'est-à-dire les paysans sédentaires de la plaine de Damas, sont appelés ici "les Karawine" et paraissent descendre des anciens Araméens. Ces campagnards ont l'air fier et heureux; ils sont en effet beaucoup moins maltraités par les Ottomans que les autres cultivateurs de la région, car ils savent recevoir leurs oppresseurs à coup de fusil lorsque cela est nécessaire; les sbires des pachas n'osent et ne peuvent les poursuivre ni chez les Druses du Huaran, ni chez les nomades du désert parmi lesquels ils vont souvent chercher un refuge.      

Les  Bohémiens, Zingari, Gitanos, appelés Nououar par les Arabes, sont presque toujours nombreux à Damas et dans les villages de la plaine; ils ont un chef qui a des rapports réguliers avec les autorités ottomanes, et sont, comme partout, marchands de chevaux, d'ânes, de mulets, diseurs de bonne aventure, voleurs, lorsqu'une occasion favorable se présente. Ils habitent des rues spéciales dans le quartier du Meidan, et à la campagne ils vivent sous des tentes en lambeaux ou des huttes faites seulement de quelques branches d'arbres. Leurs yeux taillés en amande, leur nez droit, leurs cheveux souvent légèrement ondulés et bouclés, les font reconnaître facilement. Ils ont, en général, la peau encore plus foncée que les Bédouins. Les femmes, remarquablement belles et bien faites, toujours couvertes de bijoux d'argent, frivoles et coquettes, exercent presque toutes, pendant leur jeunesse, la profession de danseuses.    

 

Texte: Louis Lortet. La Syrie d'aujourd'hui. Voyages dans la phénicie, le Liban et la Judée 1875-1880. Paris, Hachette 1884 (p. 574 et 600). 
Photo: André GeigerSyrie et Liban 1932. 

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