Trois minarets damascains

 

Les minarets de Damas — toute la ville en est hérissée — ne ressemblent ni à ceux de Constantinople, cierges sous éteignoir effilé, ni à ceux de l’Afrique du Nord, massifs et quadrangulaires. La plupart, biscornus, rentrés, renflés, font figure de « pièces » d’échiquier colossales. A la grande mosquée, le Mâdinet el-Aroùs (« minaret de la fiancée ») est, par exception, une haute tour carrée allégée à son sommet par une galerie à toit vert du plus joli effet, le Mâdinet Isâ (« minaret de Jésus ») fuse dans l’espace, prodigieusement pointu, pour que le Rédempteur, au jour du Jugement, descendant du ciel, puisse y poser le bout de sa sandale..., le Mâdinet el-Gharbiyé (minaret de l’occident), l’octogonal, à trois étages superposés, bigarrure de pierres de plusieurs couleurs, surtout noires et jaunes, véritable mosaïque, dont la fantaisie confond.

André Geiger. Syrie et Liban 1932 (p. 184-186).