Tout ici ramène invinciblement à la vie musulmane. Sur un boulevard moderne, mais caractérisé par des bancs de faïence, des massifs d’arbustes, le couvent des derviches tourneurs, ad-Darwīšīyyā ouvre ses portes certains soirs. Dans une vaste salle à coupole basse, coiffés de la rituelle calotte brun-orange, sous l’œil paternel du cheikh beau et grave, ces hommes tournent à donner le vertige, leur robe tourne si vite qu’elle semble immobilisée, leurs pieds n’ont plus l’air de toucher la terre, ces mystiques (qui, dans la journée, sont de simples charpentiers, employés de banque, serviteurs, etc...) ont pris leur vol, sur l’aile de ces musiques, tambour, cymbale et flûte, qui, dans la tribune, alternent les rythmes brefs et les mélodies traînantes, sans cesse reprises et rompues...