Les archéologues n'ont jamais tenté d'expliquer le terme de Jayrūn qui apparaît chez les auteurs arabes tantôt comme un être mythique, tantôt comme désignation topographique encore attachée, d'ailleurs, à la porte orientale du péribole, Bāb Jayrūn. Nous nous proposons de déterminer la valeur topographique exacte de Jayrūn et peut-être l'étymologie de ce vocable.
Tenir boutique sur la voie qui donnait directement accès au sanctuaire devait être le désir de tous les marchands de la ville; mais il s'y ajoutait d'autres privilèges, notamment celui de participer au caractère sacré de la propriété du temple qu'affirmait, entre autres, le droit d'asile.
L'envahissement de l'esplanade à l'ouest et autour du péribole du temple paraît s'être effectué de bonne heure. Au sud, se dressait le palais de Muʿāwiya avec ses dépendances et la caserne de cavalerie (Dār al-H̱ayl). Pour le nord, nous n'avons pas de renseignement. En tout cas, la partie à l'est du péribole a dû rester libre la dernière. Il subsistait devant Bāb Jayrūn une place entourée de trois côtés par un portique qui servait de bazar.
Le quartier de Jayrūn, au sens large, comprenait le terrain situé entre les deux enceintes de l'époque romaine. Or, si celui qui était admis à demeurer dans ce quartier jouissait du droit d'asile, c'est qu'il était considéré comme l'hôte, le ger de la divinité. Cette conception se maintint plus ou moins dans les expressions de Jār Allah ou de mujāwir (Ibn Baṭūṭa est surpris du nombre des mujāwirūn attachés à la grande mosquée de Damas).
Nous inclinons donc à penser que le vocable Jayrūn, tiré de la racine GYR ou GWR, a été affecté à ce quartier en vertu de son caractère sacré et du droit d'asile qu'il comportait.
René Dussaud. Le temple de Jupiter Damascénien et ses transformations aux époques chrétienne et musulmane. Syria 1922 (p. 219-250).
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