Monday, March 25, 2024

L'intérêt du sanctuaire damasquin

 


 Quoi qu'il en soit des questions sur lesquelles on aimerait à être plus exactement renseigné, les patientes recherches poursuivies depuis soixante-dix ans, dans des conditions peu favorables, par les archéologues et les architectes, ont abouti à reconstituer dans ses traits essentiels, et depuis l'époque impériale romaine, l'histoire du principal sanctuaire damasquin. Il est peu de monuments dont on puisse suivre aussi exactement les vicissitudes et, à ce point de vue, Damas l'emporte sur Palmyre et Baʿalbak.


L'intérêt hors de pair du sanctuaire damasquin est de nous conserver comme nul autre, sous un décor en partie romain, des dispositions proprement syriennes. Ces dernières étaient imposées par les nécessités et les traditions du culte qui se sont souvent maintenues à l'époque chrétienne (droit d'asile) et dont l'écho se conserve même à l'époque musulmane dans les vocables (Jayrūn) ou les légendes. Ce n'est pas le résultat le moins curieux de notre enquête que de faire apparaître, contrairement à la position d'excellents arabisants, combien la tradition arabe, même légendaire, dépend étroitement des souvenirs laissés par l'antiquité ou l'époque byzantine.

N'eût-elle possédé que ces imposants restes antiques, la grande cité des bords du Barada aurait mérité le titre de «grande et sainte » que lui applique le pseudo-Julien et légitimé l'admiration des conquérants arabes qui, éblouis par un tel luxe architectural, crurent pénétrer dans la ville fabuleuse d'ʾIram Ḏāt al-ʿImād, l' «Iram aux colonnes ». Mais les vestiges encore visibles de l'ancien sanctuaire ne sont qu'un témoignage de la splendeur de la Damas antique. Le sous-sol de la vieille cité ne demande qu'à livrer ses richesses et à démontrer qu'il n'est point si pauvre qu'on l'a prétendu.








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