La réfection d’al-Walīd

 

 Dans son premier état, à l'époque byzantine, le transept ne comportait pas de coupole. L'adjonction de celle-ci montée sur trompes, a nécessité un renforcement des piliers intéressés et l'obturation de plusieurs petites fenêtres dans le haut du transept. Ce fut l'œuvre des architectes d'al-Walīd. La tradition arabe conserve très nettement le souvenir de l'installation de la coupole par al-Walīd, elle l'entoure seulement de quelques récits légendaires. Légendaires aussi ou tout au moins très exagérés sont les récits relatant une destruction complète de la basilique, dont on n'aurait réservé que les murs. L'incendie de 1893 a mis à nu les parois de l'édifice; il n'y a aucun doute que le khalife al-Walīd ne s'est livré qu'à des remaniements qui n'ont pas affecté le plan d'ensemble de la basilique chrétienne.

Dans ces conditions, les analogies qu'on a cru relever entre le plan de la mosquée de Damas et celui de la mosquée de Baybars au Caire sont superficielles et ne doivent pas amener à conclure que le second a été tracé à l'imitation du premier. Les architectes syriens qui ont travaillé pour al-Walīd ont, suivant leurs traditions chrétiennes, disposé la coupole au centre du transept, tandis que la coupole dans la mosquée de Baybars surmonte immédiatement le miḥrāb, ce qui est une disposition bien musulmane.

De même que l'ancien sanctuaire offrait des caractères éminemment syriens, de même le plan de la basilique et celui de la mosquée se sont élaborés sur place. La tradition syrienne s'affirme ici avec une netteté parfaite. Par contre, les emprunts à l'art byzantin sont très nets dans la décoration avec, cependant, certaines restrictions imposées par la religion musulmane.

René Dussaud. Le temple de Jupiter Damascénien et ses transformations aux époques chrétienne et musulmane. Syria 1922 (p. 219-250).