Que les Syriens considèrent comme un bienfait inappréciable que ce soit la France, dont ils connaissent, pour la plupart, la langue, et tous, la sincère amitié, que ce soit un gouvernement libéral et égalitaire qui nous prêtera, avec son expérience, l'aide de ses immenses ressources financières et industrielles. Pour sauvegarder l'intégrité de son territoire, notre patrie a besoin de forces terrestres et navales assez importantes: la France nous en fournira une grande partie, nous épargnant ainsi une lourde charge. Notre prospérité industrielle et commerciale a aussi besoin de certaines négociations internationales: la France sera bien mieux située pour les mener au mieux de nos intérêts. Ne lui demandez pas, chrétiens, de vous donner, pour chef, un prince chrétien, car elle ne saurait, dans son équité, léser les sentiments de vos frères musulmans qui forment la majorité de la population, et sa logique ne pourrait pas, non plus, admettre qu'une république enfante des princes et des rois. Et vous, frères musulmans, n'insistez pas pour un prince de votre religion. Sa nomination exposerait la Syrie à des compétitions, des rivalités et des intrigues, qui, de tout temps, ont été le principal agent destructeur de notre nation. Les chrétiens et le Liban ne s'y soumettraient pas volontiers, du reste. La France elle-même y verrait des inconvénients de toute nature. Il est infiniment préférable pour nous tous que nous ayons, à la tête de nos propres dirigeants, un Résident français qui mettra en parfaite harmonie notre évolution bienfaisante et la politique de son pays. Étranger à nos compétitions et à nos discordes, administrateur éprouvé et d'une grande valeur morale, sans attaches aucunes dans le pays, il continuerait à y résider autant que ses services paraîtraient utiles. Ainsi nous n'aurions pas à subir, durant toute une vie, les caprices d'un prince ou incapable, ou ambitieux, comportant une importante liste civile, et entouré d'une famille et de favoris, toujours difficiles à contenter. Mieux vaut un régime qui assure notre prospérité réelle, que les chimères qui ne laissent que des déceptions.
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