Les privilèges politiques du patriarche des Maronites ne sont édictés ni par firman, ni par ordres viziriels, le patriarcat maronite ayant décliné, jusqu'à ces derniers temps, de se faire officiellement reconnaître par le gouvernement ottoman, mais ils n'en sont pour cela que plus étendus et plus réels.
Or, la plus grande indulgence de la part de la France ne saura tolérer, sous un régime nouveau, la continuation de ces privilèges. Ils sont en parfait désaccord avec l'unité d'action et l'autorité d'un gouvernement qui se respecte. On a admis avec raison leur création et leur maintien dans un gouvernement où le fanatisme de religion, ou de race, donnait naissance à tous les abus, à toutes les infamies; mais on ne concevra pas qu'une autorité qui respecte également toutes les religions, toutes les races, qui soumet aux mêmes obligations tous les individus, en leur ouvrant à tous, sans exception, la porte de tous les profits, puisse voir à ses côtés des détenteurs de droits souverains aussi imprécis et mal définis qu' inopportuns. De leur côté, les communautés chrétiennes ne perdront pas à la disparition de ces privilèges politiques. Bien au contraire, leur suppression permettra aux patriarches et à leur clergé de se consacrer davantage à leurs privilèges spirituels et à leur ministère chrétien. Ils ne s'occuperont plus de questions civiles, mais ils s'occuperont davantage des choses divines. Le gouvernement les respectera d'autant plus qu'il les verra s'immiscer moins dans ses attributs. Mais le grand bienfait sera surtout la disparition progressive de cet esprit de clans communaux et de rivalités nationales , dans un pays qui ne doit comprendre qu'une communauté, qu'une seule nation, la communauté, la nation syrienne.
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