Saturday, January 20, 2024

Quand Nadra Muṭrān défendait le Panarabisme

 


 Un parti considérable de musulmans syriens rêve d'une Syrie indépendante, ou autonome, avec pour chef, un prince arabe, de préférence Hachémite, qui reconstituerait l'empire des Arabes, fût-ce même en établissant, avec le Hedjaz, le Nejd, le Yémen, l'Irak, Bassorah et une partie de Diarbékir et Mossoul, une confédération, en apparence purement arabe, mais en réalité musulmane. Certes, c'est là un idéal élevé et cher au cœur de tous ceux qui ont la fierté de leur race. Nous-même y avons longtemps cru. Nous avons même, pendant vingt ans, consacré à sa réalisation une partie de notre fortune et tous nos efforts. Le premier, nous avons fondé, en 1895, à Paris, un journal et un comité arabes; à Constantinople, en 1908, nous avons jeté le fondement de la Fraternité arabe, qui eut une si profonde répercussion dans l'Empire ottoman, pendant que nos frères créaient, en Europe et en Amérique, un mouvement analogue, avec deux journaux pour organes du mouvement; et lorsque, au péril de la vie, nous soulevions en Syrie, et notamment à Damas, les esprits en faveur des revendications de notre race, nous nous voyions violemment attaqué, sous prétexte de défendre les Jeunes-Turcs, par ceux qui, précisément, se proclament en ce moment les champions irréductibles de la cause arabe. La tribune et les archives du parlement ottoman gardent encore le souvenir des imprécations et des dépêches de protestation, que des députés arabes et des régions arabes ont, par flagornerie ou par esprit d'exclusivisme fanatique, adressées au gouvernement des Jeunes-Turcs contre une famille qui osait proclamer les droits de sa race et de la leur. Loin de nous décourager, nous organisâmes, en 1913, le congrès arabe de Paris, qui obligea le gouvernement de Constantinople à des négociations avec ses chefs et à la reconnaissance des droits des Arabes dans L'Empire.








Nadra Muṭrān. La Syrie de demain

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