La surprise fut grande quand, en 1931, on mit à jour un édifice qui était chrétien par son architecture, sa décoration et ses inscriptions. C'était, près du rempart de l'ouest, au pied d'une tour, une maison bâtie sur le type des autres habitations de Doura, mais de dimensions plus vastes. Un couloir (8) en chicane conduisait de la porte de la rue dans une cour (1) pavée; de celle-ci un portique (2) occupait un côté; dans la plupart des maisons il servait d'abri à la cuisine. En face de la porte de la rue, s'ouvrait dans la cour par une grande porte une vaste salle (n° 4a), qui rappelle par ses dimensions et sa décoration de masques, de pipeaux et de guirlandes peintes à mi-hauteur sur le plâtre des murs, le diwân des habitations orientales; une sorte de banc de brique, large et bas, est adossé aux quatre murs; au milieu d'un des côtés de la salle il est surélevé, comme si c'était là la place d'un président. A une époque qu'un graffito nous fait connaître, en 232-233, la pièce fut agrandie de la chambre voisine (n° 4b). M. C. Hopkins, avec raison, a proposé de voir dans cette vaste salle le lieu de réunion des chrétiens. Il pense que la maison fut d'abord occupée par une famille qui eut son diwân dans la salle 4a , la petite pièce ornée de peintures étant l'oratoire privé de ce riche propriétaire. En 232-233, profitant de la paix qui favorisa si grandement l'expansion du christianisme sous Sévère-Alexandre, la communauté de Doura aurait pris possession de l'édifice, ainsi que la législation impériale l'y autorisait, et du diwân agrandi elle aurait fait le lieu de ses assemblées. Remarquons toutefois, avec M. C. Hopkins lui-même, l'étrangeté de cette chapelle privée dont la forme et les dimensions sont exceptionnelles à Doura. Il est évident qu'un baptistère avec ses peintures n'a pas sa place dans la maison d'un particulier. Mais peut-on dire avec certitude qu'il n'y avait pas à cet endroit même un sanctuaire chrétien plus modeste, que la communauté devenue propriétaire aurait transformé? Bref le baptistère (6) sous sa forme actuelle peut dater de 230-235. On aimerait savoir ce que la communauté a eu à changer dans l'aménagement de la maison privée pour y installer son lieu de culte. Elle n'a pas en tout cas été gênée par les peintures bacchiques du diwân, puisqu'elle les a conservées.
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