Sunday, March 26, 2023

THEOLOGIA GLORIAE


 Les peintures de la domus Dei de Doura Europos n'ont de sens que si on songe au baptême. Cette petite salle n'est ni un oratoire privé, ni un martyrium; c'est le baptistère de la communauté qui se réunissait au début du troisième siècle non dans une basilique, mais dans une salle banale, pour y célébrer l'Eucharistie. Le catéchumène pouvait lire sur les murs du baptistère, traduit en images, le credo qu'on lui avait enseigné: la foi dans le Christ ressuscité, vainqueur des forces de la Nature et de la Mort, est la première condition du salut; puis les péchés sont pardonnés; par Jésus, prophète et Messie, les hommes sont affranchis du péché originel comme des entraves de la Loi mosaïque; enfin le baptême leur donne une arme contre le Malin; et le Bon Berger les introduira dans « la demeure éternelle » des enfants de Dieu.


Les peintures de ce baptistère nous livrent sans doute la pensée intime de cette petite communauté de Doura; elle ne croit pas qu'elle tient son salut directement du sacrifice de Jésus sur la croix; la mystique paulinienne semble lui être étrangère. Elle croit dans Jésus vainqueur de la Nature et de la Mort; les sacrements de l'Église, exaltés par la liturgie, soutiennent cette foi. A la même époque, les chrétiens de Rome professaient la même théologie de la résurrection; mais leur art se contentait de juxtaposer les images tirées de l'Écriture sainte, comme si les prêtres ou les fidèles étaient incapables d'y mettre le lien d'une pensée systématique. En Orient, il existait au troisième siècle une théologie dont l'inspiration pénétrait l'art. Quand à Rome, au début du quatrième siècle, les églises seront décorées de peintures et de mosaïques, les fidèles ne verront dans ces images qu'une Bible historiée; ou bien, quand, près de deux siècles après les peintures de Doura, la pensée dogmatique s'emparera de l'art, la théologie triomphante sera tout autre que celle de Doura. La croix, resplendissante d'or et de pierreries, sera dressée dans les basiliques sur le fond des absides; les prédicateurs ne se lasseront pas d'exalter sa puissance divine, car l'Église vient de la mettre au centre de son enseignement dogmatique.






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