L'église de Doura a un autre mérite à nos yeux que son enviable ancienneté. Le baptême mis à part, le culte chrétien n'exigeait encore au troisième siècle aucun édifice spécial; dans la même salle on célébrait l'eucharistie et on écoutait homélies et sermons; il n'y avait ni autel permanent, ni barrières inamovibles entre le clergé et les fidèles; la majestueuse ordonnance des basiliques, avec leur abside, leur presbyterium et leurs colonnades, ne paraissait pas indispensable. La plus banale des habitations, pourvu qu'elle fût assez vaste, suffisait aux chrétiens de Rome comme à ceux de Doura. Tant de simplicité et de diversité étonne, quand on songe à l'architecture chrétienne du siècle suivant, à la solennité des églises constantiniennes, et surtout à l'uniformité essentielle de leur plan dans tout l'orbis christianus. On en vient à penser qu'il n'existe pas d'architecture chrétienne avant Constantin, et que ce ne sont pas les besoins proprement religieux de la vie spirituelle ou de la liturgie qui ont créé, avec les basiliques, un art qui se serait imposé à l'Église comme une nécessité de sa vie.
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