Friday, July 31, 2020

Madrasa al-Jaharkasiya


Au nord de la turba d’ismat-al-din Khatun, s’élève la madrasa funéraire de Jaharkas b. Abd-Allah, “un homme de noble caractère, de grande autorité, un esprit élevé”, un des émirs les plus important de son époque, d’abord commandant des Mamluks de Saladin, puis officier d’al Malik al-Adil, décédé, selon le texte de findation gravé sur le linteau de la fenêtre, le 29 décembre 1211, “à la suite de son retour de la guerre sainte“.

D’après les sources littéraires, l’édifice aurait été construit après la mort de l’émir par un de ses Mamluks, l’émir Sarim al-din Khotloba, nommé gouverneur du Caire par Saladin en 1178 avant de devenir plus tard gouverneur de diverses places fortes. Mort en 1237, il fut lui-même enterré auprès de son maître. 

Probablement amputé d’une partie de ses locaux originels sur son côté nord aujourd’hui engagé dans des habitations, le monument comprend actuellement: une entrée ouverte sur le côté sud et, alignées suivant un axe est-ouest, une mosquée -aujoud’hui sans cour- et deux salles funéraires à coupoles côtelées. Selon la bonne tradition ayyubide, ces dernières reposent sur deux tambours superposés, tandis que la salle de prière, probablement couverte à l’origine d’un toit à double rampant est aujourd’hui couverte en terrasse. Le décor extérieur est tout entier concentré sur les tambours dont les côtés font apparaître des niches à fond plat, à conque, ou des baies géminées et sur les linteaux des fenêtres, ceux de la turba ouest portant le texte de fondation, ceux de la turba est, des tables à queues-d’aronde demeurées anépigraphes. A l’intérieur, l’enduit de plâtre porte un décor modelé: des lobes dans les écoinçons des tambours inférieurs et des fleurons au sommet des arcs portant la coupole. Les ouvertures percées dans les tambours étaient à l’origine obstruées de vitraux de verre coloré. Chaque turba comporte deux tombes, toutes anégraphiques, en forme de parallélépipèdes appareillés en grande pierre de taille. Trois personnages seulement sont identifiés: Jaharkas par le text inscrit au-dessus des fenêtres de la turba ouest, Khotloba par les sources littéraires et Fakhr al-din Muhammad, fils de Jaharkas par un texte figurant au-dessus de la porte qui conduisait à la cour, et précisant qu’il mourut à Damas le 29 août 1218. La turba ouest, la première construite, à coup sûr celle de Jaharkas, pourrait être aussi celle de son fils Fakhr al-din, la turba est, celle de Khotloba et d’un autre fils de Jaharkas dont nous savons que Khotloba était l’atabeg. 



La madrasa Jaharkasiya qui semble avoir joui d’une grande renommée -“elle attire encore l’attention”, soulignera Ibn Khallikan dans la deuxième moitié du treizième siècle- donna son nom à la partie central du faubourg de Salihiya: al-Sharkasiya. 


Gérard DegeorgeDamas: Des origines aux Mamluks. L'Harmattan 1997 (p 227-228). 

Ernst Herzfeld. Studies in Architecture III. Ars Islamica 1946 (plan). 

Annales Archéologiques Arabes Syriennes. XXXV 1985 (photo).

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