Les témoignages disponibles attestent que des édifices cultuels païens ont été aménagés autour de la source sous l’Empire romain. La première inscription grecque découverte sur place date de la même époque.
Le support du texte consiste en un bloc parallélépipédique mouluré en calcaire blanc local, mesurant 80 cm de haut sur 221 cm de large. Il a été découvert fortuitement à l’automne 2007, à l’intérieur du réservoir antique englobé dans la station de captage. L’inscription est gravée sur le bandeau supérieur, en lettres lunaires d’environ 6 cm de haut. Lacunaire, elle devait se poursuivre à droite sur un bloc adjacent qui n’est pas conservé. Je lis, d’après la photo qui m’a été transmise :
Traduction : « Par les soins d’Héliodôros et de Théodôros, épimélètes, […]. »
Cette modeste dédicace date, d’après la forme des lettres, du deuxième ou du troisième siècle de l’ère chrétienne. Deux hommes supervisent alors l’aménagement du lieu saint de Fijé. Ils portent le titre grec d’épimélètes, que l’on traduit parfois par « commissaire », car les responsables ainsi désignés assument des fonctions temporaires dans les sanctuaires ruraux du Proche-Orient romain, notamment lorsqu’il s’agit de la construction et de l’aménagement des temples. Il n’y a pas à douter du caractère local de leur recrutement. Leurs noms propres sont à la fois très courants et bien attestés en Abilène et dans l’Antiliban. Le premier, Héliodôros, « don d’Hélios », fait partie des noms théophores qui peuvent révéler la pratique de cultes solaires, dans une région où la présence arabe, éventuellement associée à ces cultes, est attestée dès l’époque hellénistique. Le second, Théodôros, « don du dieu », rappelle la fréquence de l’anonymat divin au Proche-Orient.
Julien Aliquot. Annales archéologiques arabes syriennes XLIX-L 2006-2007.
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