La seconde destination, orienter l'édifice, est beaucoup plus importante. La niche est placée de telle manière qu'étant en face on est tourné presque exactement vers Jérusalem. Elle indiquait donc la direction dans laquelle on devait faire la prière pour se conformer au précepte de Salomon: "Dans le pays de leurs ennemis qui les auront emmenés en captivité, [les Juifs] t'adresseront leurs prières, [ô Yahvé, dans la] direction de leur pays que tu as donné à leurs pères, de la ville que tu as choisie, de la maison que j'ai bâtie pour ton nom" (I Rois, VIII, 48 et aussi 44).
Il est important de constater que les Juifs du troisième siècle aient marqué cette direction par une niche. Dans les temples païens, certes, on se tournait vers la niche pour adresser des prières au dieu, mais c'était parce que l'idole se trouvait dans la niche. Le cas de la synagogue est tout à fait différent; même si la niche d'orientation découle de la niche païenne, elle est d'une signification tout autre puisqu'elle ne contient aucunement la divinité.
On ne saurait douter que le miḥrāb des musulmans (la niche d'orientation pour la prière) dérive de la niche des Juifs. Ceci est d'autant plus certain que la première qibla, ou direction pour la prière, imposée par Muḥammad était vers Jérusalem. La niche de la mosquée, le miḥrāb, devait donc être tournée dans cette direction. Ce n'est qu'après l'hégire, que Muḥammad fixa la direction de la Mecque pour la qibla (Qurʾān II 144). La forme même du miḥrāb avec ses deux colonnes sur les côtés est juive comme on le voit.
Quant aux chrétiens, s'ils abandonnèrent sans doute de très bonne heure l'habitude de se tourner vers le Temple pour prier, et prirent celle de diriger vers l'Orient l'axe des églises, ils conservèrent du moins dans certain cas la coutume d'orienter l'édifice par une niche. une chapelle du quatrième ou cinquième siècle à Ḥimṣ, plus précisément à Bāb as-Sibāʿ, porte sur le milieu d'un des longs côtés une niche d'orientation cintrée, encadrée, sur les côtés, de deux colonnes peintes en trompe-l'œil. On connaît aussi les niches d'orientation des églises coptes.
Dans la synagogue de Doura, immédiatement à droite de l'édicule central, au nord, on remarquait un banc pour une seule personne; il était formé d'un cube de maçonnerie précédé de quatre marches (1). Cette place était évidemment celle du président de la communauté.
Les murs de la salle de réunion et le plafond étaient ornée des peintures.
(1) Largeur, 77 cm; longueur, 46, hauteur du siège, 34 cm. Hauteur des marches, 20 cm. en moyenne. Ce banc domine de 26 cm. les banquettes voisines.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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