C'est à une circonstance extraordinaire que nous devons la conservation des peintures de la synagogue de Doura-Europos. Lorsque le danger d'un long siège apparut clairement comme conséquence des ambitions du roi des Perses, Sapor, l'autorité militaire romaine décida la construction et l'amoncellement d'un glacis de terre et de briques crues, d'un agger, des deux côtés du rempart en pierre de taille. On savait, en effet, qu'avec leurs puissantes machines de guerre et surtout l'emploi des mines, les Perses auraient tôt fait de renverser le mur de pierre; il ne pouvait résister qu'en étant protégé et contrebuté par des glacis en terre. L'Occident a connu des nécessités semblables avec le perfectionnement de l'artillerie.
Le glacis de l'extérieur fut laissé assez bas et fort raide pour ne pas trop faciliter l'escalade. Celui du côté de l'intérieur de la ville atteignit jusqu'au sommet du mur; il combla entièrement la rue longeant le rempart; mais comme la façade des maisons ne pouvait supporter la pression des terres, on dut aussi combler la plus grande partie des chambres donnant de ce côté et y construire en briques crues le mur incliné du glacis. On espérait certainement pouvoir enlever toutes ces terres après le siège et les ouvriers s'efforcèrent de ne rien abîmer des édifices qu'ils bloquaient ainsi. Une terre fine et bien sèche fut tassée le long des peintures murales et les portes furent obstruées avec un briquetage pour augmenter la résistance. C'est ainsi que nous furent conservés le baptistère et une partie de l'église dans la Maison des Chrétiens, la fresque des banquets, une partie de la Maison des Scribes, la grande salle de la synagogue, le temple des dieux palmyréniens avec ses peintures, une partie du temple d'Aphlad (*), etc.
En effet, les événements qui suivirent ce travail protecteur ne permirent jamais aux habitants de Doura le dégagement des édifices. Bientôt ce fut le siège. Pour des nécessités stratégiques il fallut démolir le long du glacis intérieur les maisons qui n'avaient pas été englobées dans les terres. Puis ce fut la prise de la ville, le pillage et la déportation des habitants.
(*) Dieu sémitique.
No comments:
Post a Comment