Le mur nord de la salle (*), celui qu'on avait devant soi en entrant, était couvert de peintures dont il ne subsiste guère que la moitié. Des bandes blanches où un dessin très gauche veut mettre une corniche de pierre sculptée, les divisaient en deux registres. Dans celui du bas, qui paraît avoir été peint avec le plus de soin, trois femmes, qui portent chacune un cierge allumé et un pot, s'avancent vers un tombeau resplendissant de blancheur sur le fond rouge foncé de la scène. C'est la visite des saintes Femmes au Tombeau, peu après la résurrection du Seigneur. Cette Visitatio Sepulchri est une extraordinaire nouveauté. Inconnue aux catacombes de Rome et de Naples et dans l'art de tout l'Occident jusqu'au cinquième ou sixième siècle, elle est une création des artistes orientaux qui l'ont souvent peinte sur les murs des églises cappadociennes ou dans les marges des manuscrits. Cependant, telle qu'elle est à Doura, elle ne peut être rangée dans aucun des types connus qui, à partir du cinquième siècle se multiplient à la suite des grands pèlerinages de Terre-Sainte: l'ange n'y figure pas, ni le garde endormi. Le tombeau du Christ a l'aspect singulier d'un sarcophage décoré de guirlandes, posé à même le sol; il ne fait songer ni à la tombe que Joseph d'Arimathée creusa dans le sol de son jardin, ni à l'édifice rond qui sera plus tard le Saint-Sépulcre constantinien. Une étoile d'or à douze branches est posée sur chacun des angles supérieurs. Sur les monnaies romaines, la sépulture impériale est ainsi couronnée d'étoiles après l'apothéose. Pourtant pour le Saint-Sépulcre, une autre explication paraîtra plus vraisemblable si nous allons la chercher dans la littérature chrétienne. Il est possible que les spéculations des théologiens d'Orient, pour donner un caractère cosmique à l'événement, aient associé l'apparition d'un astre à la Résurrection de Jésus. Souvenons nous encore qu'en Orient, le jour de l'Épiphanie, qui était aussi celui du baptême des nouveaux chrétiens, était la fête des Lumières et que, selon les hymnes chantés ce jour-là, le monde n'était alors que clarté. Peut-être les étoiles accrochées au tombeau rappellent-elles simplement une cérémonie du culte.
(*) On est immédiatement frappé par l'omission totale du mur est dans la description ci-dessus.
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