Wednesday, March 17, 2021

Mettre en oeuvre le Plan Écochard

 

En 1983, malgré l’U.N.E.S.C.O et des divers Comités, le pouvoir, soudainement atteint d’“Haussmanite“ aiguë après la fièvre islamique et la destruction méthodique de la vieille cité de Hama, s’en prit ouvertement au vieux tissu urbain de Damas. 

Avec une célérité inaccoutumée, sans même en référer au Comité gouvernemental dont les augustes membres soudainement aphones ne furent même pas consultés, les démolisseurs se trouvèrent à pied d’oeuvre. Conformément au plan Écochard, la citadelle fut enfin dégagée, entraînant ainsi la destruction du suq al-Kouja construit en 1905-1906 sur le fossé ouest, des maisons accotées à la muraille nord et d’une partie du suq al-Asruniya spécialisé en matériaux de construction. 

Dans le but avoué de mieux assurer la sécurité des officiels venant faire leurs ablutions hebdomadaires dans la Grande Mosquée et de faciliter la pénétration des véhicules militaires, une percée fut effectuée d’al-Sanjaqdar à Bab al-Barid. Sans le moindre égard au plan cadastral, des maisons furent éventrées au bulldozer. Afin d’aménager devant l’entrée ouest de la mosquée, une placette avec bassin à jets d’eau, petits lampadaires et petits bancs, le suq des libraires et des parfumeurs ainsi que plusieurs maisons furent détruites. Le mur sud de la mosquée fut également dégagé, ce qui permit de mettre au jour la porte romaine du téménos. Enfin, dans le but de construire un “suq touristique“, plusieurs maisons de la rue Hamrawi furent également démolies.

Alors que d’autres démolitions pour cause d’insalubrité et d’autres ”embellissemets“ s’annonçaient, que le spectre d’une réalisations intégrale du plan Écochard menaçait soudain Damas, la réprobation publique et les protestations de l’U.N.E.S.C.O firent reculer les autorités. Le service des Antiquités sortant alors de sa torpeur fit reboucher et replâtrer les trous béants des façades éventrées. 

Ces dernières années également, la construction autour de la tombe shi’ite de Sitt Rukaya située au nord de la mosquée des Umayyades, d’une mosquée toute moderne incompatible avec le tissu urbain environnant, entraîna, en dépit des règlements, la destruction d’une dizaine de maisons. 




Texte: Gérard Degeorge. Damas des Ottomans à nos jours. L’harmattan 1994. 

Photo: Akram H. Olaby. H̱itat Dimašq, Dar al-Tabbaa 1989.


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