Saturday, April 10, 2021

Madrasa de Farrūẖšāh: évolution du décor ayyoubide



A Damas, on bâtit durant tout le  XII siècle en matériaux légers: moëllon, brique et bois; un enduit de plâtre dissimule le manque d'homogénéité de la maçonnerie. Dès que l'influence d'Alep commence à se faire sentir, l'appareil devient plus grand et la pierre élimine rapidement la brique qui n'est plus employée, finalement, que dans les coupoles. 

Conséquence inéluctable des méthodes de construction adoptées, le décor tient une large place dans les monuments de Damas, car l'enduit de plâtre qui couvre les parois n'est guère d'un aspect plus riche que les moëllons et les briques qu'il est chargé de dissimuler. Il appelle donc une ornementation qui sera tantôt peinte (figures jointes), tantôt (et c'est de beaucoup le cas le plus fréquent) sculptée: des motifs, empruntés souvent au répertoire décoratif de l'Irak, meublent les écoinçons des arcs et des défoncements des coupoles, ornent la niche des miẖrāb, suivent les arêtes des voûtes. 

Tombeau de Farrūẖšāh: Médaillon peint dans une trompe


Le bois des linteaux, des portes, des minbars et des cénotaphes s'offrent aussi au ciseau des artistes: ils y taillent, avec une virtuosité que l'Orient n'avait plus connue depuis les temps des Fatimides, soit les enroulement de feuillages stylisés, dérivés par évolution des entrelacs byzantins et coptes, soit de ces décors "à défoncement linéaire" hérités, par l'intermédiaire de l'Irak, de l'art mésopotamien de l'époque abbaside. Des vitraux, formés de plaques de verre coloré serties dans des dalles de plâtre ajourées, complètent la décoration intérieure de l'édifice. 



Jean Sauvaget. L'architecture musulmane en Syrie. Revue des arts asiatiques 1934

Jean Sauvaget. Les monuments ayyoubides de Damas

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