Tuesday, April 27, 2021

L'art Ottoman en Syrie, une opinion


Avec la conquête ottoman de 1516 le régime politique change brusquement: la Syrie fait désormais partie d'un immense empire, dans lequel elle ne pèse pas plus lourd que telle autre province, Bosnie ou Algérie. Les nouveaux maîtres sont indifférents à la personnalité des peuples qu'ils viennent de soumettre; pleins de mépris pour les Arabes, ils se superposent à eux sans participer à leur vie; ils restent partout Turcs et, quand ils bâtissent, c'est "à la mode de la Roumélie".

Cette introduction brusque de l'art de Constantinople est facilitée dans une large mesure par l'état de décrépitude dans lequel se trouvent alors les disciplines traditionnelles, incapable de résister à une architecture jeune, en pleine possession de ses procédés, qui s'imposent autant par sa supériorité technique que par la volonté des pachas. 

Pour ces raisons il se crée alors un art d'empire et la Syrie n'est plus qu'une province de l'art turc.

Ce qu'on bâtit, ce sont des mosquées formées, comme à Stamboul, d'une salle carrée, à coupole unique, précédée d'un portique couvert. Ce sont aussi de grands ensembles, appelés ʿimāret عمارة, qui groupent une mosquée, des cellules de derviches et d'étudiants, des cuisines, et une cantine où l'on distribue des aliments aux pauvres, - vastes compositions aérées, égayées de jardins et d'arbres, inconnues jusque-là de l'art syrien. Dans toutes ces constructions en emploie systématiquement comme moyen de couverture la coupole sur pendenifs de Sainte-Sophie, dont la répétition contribue à donner à l'édifice une valeur plastique toute nouvelle. Bien d'autres formules turques encore s'introduisent: les minaret surmontés d'un couronnement en éteignoir, les arcs en carènes, les alvéoles minuscules formées de surface plane, d'une extrême sécheresse dans leur composition et leur éxecution. 







Karl Wulzinger & Carl Watzinger. Damaskus, die Islamische Stadt. Walter de Gruyter 1924.

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