Sunday, July 3, 2022

Bain as-Sulṭān

 


 Ce bain se trouve dans un îlot de constructions, à une cinquantaine de mètres à l'Ouest de la mosquée al-Qaṣab. Il est limité à l'Est par une rue venant de Bāb as-Salām.


Le bain proprement dit a conservé son aspect ancien, y compris deux pièces aujourd'hui désaffectées.  Tel qu'il est, il reste l'un des bains les plus actifs de la ville, en même temps qu'il garde le souvenir de plusieurs légendes et traditions locales (1).

L'édifice n'est pas homogène: la salle de déshabillage A présente à elle seule une surface équivalente à celle du bain proprement dit. 

Quatre exèdres voûtés, disposés en croix, supportaient primitivement la coupole centrale, aujourd'hui effondrée et remplacée par un plafond que supportent deux diaphragmes. 

Le portail, en assises noires et blanches alternées, est couvert d'une voûte à stalactite; ce portail est décoré d'un cartouche royal gravé dans la pierre au nom Qaytbāy.  Ce sultan règna, ainsi que l'on sait, de 1468 à 1496. Cette date nous semble correspondre seulement au portail et à la salle de déshabillage. Le bain proprement dit, par la simplicité de sa construction, l'allure de son plan, la sobriété de son décor paraît devoir être attribué à une date antérieure. Cette présomption est confirmée par le système de rachat de la coupole de la salle D, qui, par sa zone décagonale, avec quatre grandes alvéoles d'angle, est identique à celui de la salle B1 de Buzurīya. Un texte d'ibn Kaṯīr va d'ailleurs nous éclairer sur cette date: "En šawwāl de l'année 694, fut achevée la construction du ḥammām fondé par ʿIzz ad-Dīn al-Ḥamawi à la mosquée de Qaṣab. C'était un des plus beaux ḥammāms". Or la mosquée de Qaṣab se trouve à moins de cinquante mètres du bain actuel, qui, de nos jours encore, est un des plus beaux de Damas. Les constatations archéologiques ne s'opposent nullement à cette identification, nous serions tentés d'assimiler le bain as-Sulṭān au bain cité par ibn Kaṯīr et de fixer par conséquent en 694/1295 l'année de sa construction.



(1) Le fameux mystique Muḥyi ad-Dīn ibn al-ʿArabi aurait fréquenté ce bain; une pieuse tradition fait entretenir une lampe au-dessus de la niche de la salle tiède devant laquelle il se lavait. Le sultan Salīm, dont l'esprit populaire associe le nom à la mémoire du saint homme, aurait aussi visité ce bain; la légende veut même qu'un jour, un mur se soit ouvert pour lui ménager un passage.






Michel Écochard & Claude Le Coeur. Les Bains de Damas : Monographies architecturales. Imprimerie catholique 1942-1943. 

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