Wednesday, October 6, 2021

Turba at-Takrītīya

 



À Ṣāliḥīya, face au Dār al-Ḥadīṯ al-ʾĀšrafīya, s'élève la turba de Taqīy ad-Dīn at-Takrītī, mort à Damas la nuit de jeudi, huitième jour du mois de jumādā premier 698 (1299 ÈC), à l'âge d'environ quatre-vingts ans. Ancien mamlūk de Qalāwūn, at-Takrītī occupat le vizirat de Damas sous cing sutans. 

Anégraphe, identifié par la tradition littéraire, l'édifice qui ne peut être dater que par comparaison, reflète bien le style mamlūk de la fin du treizième siècle encore imprégné de la franche vigueur des constructions ʾĀyyūbīds. Le portail d'entrée, ménagé dans la façade sud s'ouvre sur un vestibule oblong couvert de deux voûtes d'arête. Ce dernier donne accès, à droite, à une salle funéraire couverte d'une coupole sur deux tambours à huit et seize côtés appareillés en pierre, à gauche à une salle de prière voûtée d'arête, aujourd'hui transformée en bureau. La façade, appareillée en très belle maçonnerie de pierre de taille, sans polychromie, est percée de quatre fenêtres basses - deux pour la turba, deux pour la salle de prière - surmontées de linteaux et d'arcs de décharge réalisée dans la meilleur tradition ʾĀyyūbīd. Encadré d'un bandeau destiné à recevoir une inscription, le portail est coiffé d'une voûte à trois rangs de muqarnaṣ surmontés d'une conque. 

Le décor de stuc de la salle de prière - un bandeau épigraphique aux hampes entrelacées sur fond de motifs foliés - fut probablement réalisé au quatorzième siècle après la mise à sac et l'incendie de Ṣāliḥīya par les Mongols de Ghazan en 1300. Seul exemple de ce type conservé à Damas, il est en tout point conforme à la tradition andalouse telle qu'elle s'épanouit aux parois de l'Al-H̱amrāʾ à Grenade. 









Gérard Degeorge: Damas des Origines aux Mamluks, l'Harmattan 1997 (p. 342-343).


Karl Wulzinger & Carl Watzinger. Damaskus, die Islamische Stadt. Walter de Gruyter 1924.

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