Wednesday, March 16, 2022

Décoration en terre

 


 La maison rurale, quelle que soit sa simplicité, comporte souvent un souci de décoration. Les femmes font la toilette des villages en avril et mai. Les dernières pluies sont tombées, c'est le moment de recrépir les murs et, pour la propreté et la gaieté, de les peindre d'un badigeon à la chaux. Parfois on ne se contente pas d'une teinte uniforme. À Jaramāna جرمانا, par exemple, les femmes encadrent les portes d'une bande rouge foncé. Dans quelques villages du Marj المرج et tout particulièrement à Ġuzlanīya الغزلانيّة le blanchiment ne monte pas jusqu'à la terrasse: il s'arrête à 2 m. 50 ou 3 mètres de haut et son contour dessine des chevrons qui se détachent, éclatants, sur le fond brun-jaunâtre du revêtement en terre. Le souci de la décoration se révèle de temps en temps par un motif en briques surajouté au-dessus du mur comme on voit à Qāsimīya القاسميّة


Ce besoin d'art se manifeste surtout à l'intérieur de la maison. Ce sont des réalisations souvent grossières, de naïves stylisations de plantes, une recherche de combinaisons géométriques d'où les courbes sont bannies. Quelquefois, pourtant, les ensembles sont assez bien réussis et les niches modelées en terre et garnies d'assiettes étamées font de jolis effets.

La plupart de ces motifs de décoration se rapportent à des dispositions de la pièce nécessitées par la vie domestique. Le mobilier est inexistant dans la vie rurale. Ce n'est que chez le chef du village que l'on trouve quelques chaises, souvent branlantes, et seuls les notables s'enorgueillissent de posséder une armoire à glace dont on a soin de conserver intacte l'étiquette de fabrique. La famille ne possède qu'un ou deux coffres de bois plus ou moins incrustés de nacre. Il s'y ajoute ces malles multicolores, vernies et décorées de dessins éclantants, que la jeune femme reçoit à l'occasion des ses noces ou d'une fête de famille.



Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.

Richard Lodoïs Thoumin 1897-1972

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