Vers l'extrémité sud du Qalamūn, Ṣaydnāya pourrait revendiquer le titre de centre artistique.
Les étagères, dans ce village, ne rappellent en aucune façon celles de la vallée du Barada en dépit de sa proximité. Elles sont beaucoup plus simples, d'un modelé moins recherché, mais plus ferme. Elles se réduisent le plus souvent à une petite balustrade en bordure de l'étagère même.
Les murs s'ornent de bandes horizontales s'étirant dans le haut. Les arêtes de poisson font défaut, par contre l'emploi de dessins géométriques et plus encore l'abondance des pois, des courbes et des chaînettes caractérisent la décoration. Les encadrements des portes et des fenêtres rappellent par l'ensemble des motifs ceux de Fīǧa الفيجة, mais avec ce détail que les droites représentant les feuilles se transforment en suites de 8. Ce n'est guère que pour la stylisation de la Croix que ce village chrétien conserve un tracé rigide. On rencontre également à Ṣaydnāya des placards à matelas décorés de frontons ajourés, ainsi que des hauts de poteaux qui veulent jouer les chapiteaux sculptés.
L'influence de Ṣaydnāya se fait sentir dans les localités d'alentour. Si le pauvre village de Talfīta تلفيتا n'est guère décoré et si Maʿarra معرّة صيدنايا, fréquenté par les estiveurs de Bāb Tūma et de Qaṣṣāʿ القصّاع a répudié ces ornements "des temps anciens", Maʿrūna معرونة, sur le premier plateau, se ressent directement des motifs de Ṣaydnāya. Non seulement les murs offrent des moulages analogues, mais de part et d'autre on retrouve les mêmes peintures: bonnes femmes aux doigts écartés portant une jarre sur la tête, petites figurines campées à côté de pots de fleurs géants.
Richard Lodoïs Thoumin. La maison syrienne dans la plaine hauranaise: le bassin du Baradā et sur les plateaux du Qalamūn. Paris, 1932. Librairie Ernest Leroux.
Richard Lodoïs Thoumin 1897-1972
Décoration en terre: le pauvre et le riche
Foyers du Marj: dessins et peintures
No comments:
Post a Comment