Si l'on compare la Syrie aux autres pays conquis par les Arabes, on remarque qu'elle s'en distingue par le fait qu'il n'y a été fondé depuis l'apparition de l'Islam acune ville qui ait acquis de l'importance.
C'est que la Syrie avait connu au cours des siècles qui ont précédé la conquête arabe, dans une mesure beaucoup plus large que tous les autres pays d'Islam, un développement urbain ininterrompu et d'une remarquable intensité. Ce fait s'explique à la fois par la structure géographique de la contrée - divisée par la nature en "pays" qui exigent chacun leur centre commercial et politique - et par le jeu des facteurs historiques: placée entre l'Égypte et la Mésopotamie, qui doivent à la fertilité proverbiale de leur sol de devenir dès l'aube de l'histoire des centres très actifs de civilisation, la Syrie se trouve tout naturellement préparée à fournir à ces voisines plus opulentes les matières premières qui leur manquent (bois de construction, métaux). Le commerce et l'industrie, les deux faits urbains par excellence, y favorisent ainsi dès les origines le développement des villes.
On ne saurait donc traiter des villes syriennes d'une manière aussi sommaire que celles des autres pays d'Islam.
Le choix de Damas comme type de ces villes se justifie par les considérations suivantes:
1. Leur qualité de ports de mer et leur situation dans le monde méditerranéen confèrent aux villes de la côte des caractères trop particuliers.
2. Nous manquons de sources anciennes pour retracer l'histoire des petites villes de l'intérieur (Ḥimṣ, Ḥama, Maʿarra, etc).
3 Des trois grandes villes sur lesquelles les renseignements abondent (Jérusalem, Alep, Damas). La première doit être écartée en raison de sa fonction exceptionnelle de sanctuaire, en raison aussi de l'occupation franque qui vient ajouter un chapitre supplémentaire à une histoire suffisamment complexe par ailleurs. Entre Alep et Damas, c'est cette dernière qui doit être choisie parce qu'elle n'a jamais cessé, depuis la conquête arabe, d'être la capitale de la Syrie: l'influence des facteurs politique, en relation avec l'histoire générale de l'Islam, y apparaît ainsi plus nettement.
Jean Sauvaget. Esquisse d'une histoire de la ville de Damas. Revue des Études islamiques, 1934, p. 422-480.
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