Devant le roi, deux femmes se tiennent debout la main droite levée en un geste identique; elles paraissent écouter le pharaon qui ordonne évidemment de jeter dans le fleuve tous les enfants mâle qui naîtront des Hébreux (Exode, I, 22). Le texte même de l'Ancien Testament oblige à reconnaître les deux accoucheuses, Shifra et Poua. On remarquera cependant que le costume de l'une et de l'autre est identique à celui des deux femmes peintes à l'extrémité gauche, qui sont certainement Yokébed et Myriam, mère et sœur de Moïse. Il semble donc que malgré l'évidence du texte biblique, le peintre ait identifié celles-ci et les accoucheuses.
Entre les deux femmes et le roi, on remarque une autre figure féminine agenouillée, semble-t-il, et penchée en avant. Elle tient des deux mains et à bout de bras un objet malheureusement effacé. Cette femme étant sur le bord du fleuve, nous devons reconnaître ici la mère de Moïse déposant son enfant dans le coffret au milieu des roseaux du Nil, suivant le récit de l'Exode (II, 3). On a objecté l'emplacement de la scène qui se trouve pour ainsi dire mêlée à celle du pharaon dictant ses ordres, de telle sorte que les deux figures de Yokébed, mère de Moïse, sont l'une à côté de l'autre. A notre avis, l'objection n'est pas décisive: comme le fleuve coule au premier plan, il fallait bien mettre d'un côté du tableau la femme abandonnant son enfant dans le Nil et de l'autre la scène suivante où la princesse l'en retire. Quant à la répétition d'un même personnage dans des scènes toutes voisines, elle était admise dans les peintures de la synagogue. Nous en trouvons un exemple typique et non douteux dans la tableau de La sortie d'Égypte (numéro 4, quatrième et cinquième scènes). Au début du tableau de La prophétie des ossements ranimés (numéro 20), trois figures du prophète, dans des attitudes différentes, sont l'une à côté de l'autre.
Le costume de la mère exposant son enfant nous paraît être le costume de deuil déjà noté à propos de la veuve de Sarepta (numéro 27). Il semble caractérisé par une jupe et un voile bruns, sans doute du grossier tissu de poil souvent rencontré dans les fouilles de Doura. Yokébed porte un costume jaune et blanc dans les autres scènes; ce sont aussi les couleurs du vêtement de la veuve de Sarepta après la résurrection de son enfant.
Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35. 1939.
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