Wednesday, February 1, 2023

Esther

 Esther est assise à la gauche d'Assuérus sur un trône moins important; un escabeau est sous ses pieds. Son corsage sans manche est orné d'une fibule vers le milieu, une jupe longue de couleur différente remonte très haut. Sur les jambes est drapé un manteau rouge sans doute royal (Esther, V, 1). La couronne tourelé d'or d'où pend un long voile signifie qu'Esther est une jeune mariée. On sait en effet qu'après la défaite juive, et sans doute vers le deuxième ou le troisième siècle, les jeunes mariées renoncèrent à porter sur leur tête "des tours en or". Le Talmud de Babylone, à la fin, cite une baraïta et un enseignement de Rabbi Yôhânân (donc deux textes du deuxième et du troisième siècle) qui parlent des couronnes murales, plus exactement des "villes en or" que ceignaient jusque là les jeunes mariées. Cet usage était peut-être inspiré par le Cantique des Cantiques (VIII, 8-10):

 
Nous avons une petite sœur qui n’a pas encore de seins. Que ferons-nous pour notre sœur le jour où l’on parlera d’elle ?
Sera-t-elle un rempart ? Nous lui bâtirons un créneau d’argent. Sera-t-elle une porte ? Nous la munirons d’une barre de cèdre. ELLE
« Je suis un rempart, mes seins sont des tours ! Et je suis devenue à ses yeux celle qui a trouvé la paix. » LUI


Les bandeaux encadrant le visage avec des enroulements autour du cou se retrouvent dans le tableau Moïse sauvé des eaux (numéro 29) et dans le tableau de la Samaritaine à la maison des chrétiens. Cette mode fut connue à l'époque d'Héliogabale

Une jeune servante se tient derrière la reine et paraît arranger son voile. Cette jeune fille porte un chiton, et sa coiffure rappelle, en moins soigné, celle de sa maîtresse. C'est là un souvenir des servantes associées, suivant le texte (Esther, IV, 4, 16), aux émotions et aux jeûnes de la reine. Une addition au texte original mentionne aussi deux suivantes qui accompagnaient Esther dans ses visites au roi.



Comte du Mesnil du Buisson. Les Peintures de la Synagogue de Doura-Europos, 245-246 après J.-C., Roma, Pontificio Istituto Biblico. Piazza della Pilotta, 35.  1939.







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