Wednesday, October 11, 2023

Balfour à Damas

 


9 Avril 1925.


N'imagina-t-il point de venir voir les Damascains en quittant les sionistes de Palestine, espérant une réception officielle, quoiqu'on l'en eût dissuadé! Comme il fallait tout de même veiller à sa sûreté, on le fit précéder en territoire syrien par un train blindé français, et son wagon-salon fut gardé par la police, en sentinelle à chaque station, le long de la voie Haifa-Damas. On raconte qu'à Darʿa, les Hauraniens se pressaient pour le voir dans un sentiment de curiosité hostile. A Damas, le Consul Smart attendit le train à Qadam et enleva Balfour en automobile, afin qu'il ne fut pas hué à l'arrivée. Mais une compagnie d'étudiants bien avisés l'attendait à la porte de l'hôtel Victoria, criant: "A bas Balfour!" et d'autres choses aimables. On les dispersa; la foule revint avec une telle violence que le pauvre gérant, craignant pour ses vitres, se hâta de fermer les volets et d'éteindre la lumière. Alors, des pierres furent jetées aux balcons. Des orateurs, portant des cocardes noires, firent des harangues applaudies. La troupe intervint; les spahis marocains, si farouches, sabrèrent de côté et d'autre. On arrêta les plus exaltés. On parle cependant en ville d'une vingtaine de blessés. La mosquée des ʾUmayyādes fut fermée à l'intrus. Les magasins des sūqs mirent leurs volets. Une grande démonstration se préparait pour le lendemain, quand the Gracious Lord fut prié par une délégation de gens sages de ne pas les favoriser plus longtemps de l'honneur de sa présence. Il prit donc en hâte la route de Beyrouth et ne fut vraiment tranquille qu'à bord de son bateau. Il se souviendra de Damas.















Alice Poulleau. À Damas sous les bombes. Journal d'une Française pendant la révolte syrienne 1924 - 1926 (p. 29). Ed. Bretteville Frères, (Paris 1926). 

Photo Stironi

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