Tuesday, October 17, 2023

L'incendie du quartier Darwīšīya

 


Samedi 24 octobre 1925. 


Aussitôt que le bombardement commença, l'Émir Saʿīd al-Jazāʾiri alla en auto offrir sa médiation, il pensait pouvoir arrêter l'émeute. On le fit revenir deux fois (à un moment si critique) pour voir le général Gamelin, puis on l'accusa tout bonnement d'entente avec les bandes.    

Au soir de l'incendie du quartier Darwīšīya, il recueillit chez lui tous les sinistrés. Il me raconte la triste odyssée de la famille Quwwatli. Elle possédait une des plus belles maisons de Damas, contenant au dire de l'émir, des richesses et des antiquités incomparables. Le général Gouraud, à son entrée à Damas, y avait été reçu, à l'instigation de la municipalité. Elle fut criblée d'obus. Toutes les maisons d'alentour brûlèrent. Leurs habitants se réfugièrent dans la cour intérieure des Quwwatli. Mais bientôt l'incendie les encercla. Ils durent percer trois murs pour se frayer un passage, s'enfuir en abandonnant bijoux et argent; une fortune de livres-papier fut brûlée. Ils arrivèrent à demi-vêtus chez l'émir Saʿīd, dont la cour était déjà pleine de réfugiés. A ce moment, un obus faillit les tuer tous. Il tomba par miracle dans la rivière, au jardin, à quelques mètres. 















Alice Poulleau. À Damas sous les bombes. Journal d'une Française pendant la révolte syrienne 1924 - 1926 (p. 104). Ed. Bretteville Frères, (Paris 1926). 

Photo Stironi

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