Et voici aussi la résidence donnée par la France à ʿAbd al-Qādir, habitée aujourd'hui par l'émir Saʿīd et ses frères.
Comme toutes les maisons damasquinées, elle affecte une grande simplicité extérieure. Son luxe est dans sa vaste cour de marbre, parfumé de roses, dorée de cédrats, entourée de pièces d'apparat.
Dans le salon principal, un beau portrait d'Abd al-Qādir en costume algérien, et à côté de lui, une grande vitrine, recelant les dons offerts après son courageux sauvetage: une croix de commandeur de la Légion d'Honneur, envoyée par Napoléon III, un fusil par la reine Victoria, des pistoles de François-Joseph, une épée du Brésil, d'autres présents encore.
C'est dans cette salle que l'émir Saʿīd réunit à certaines solennités musulmanes les personnalités de Damas, sans distinction de nationalité et de culte, renouant avec la tradition de son grand-père et son éclectisme conforme aux saintes paroles: "Nous t'avons envoyé, ô, Muḥammad, pour que tu sois un secours pour tous les hommes".
Aujourd'hui, on y fête le deuxième jour du Baïram. Autour d'une table, ployant sous le poids des sucreries, se rencontrent le šayẖ de l'Islam en haut turban blanc, avec le grand rabbin, en bulbe violette, le patriarche grec à voiles de veuve, le gouverneur français en uniforme étincelant. Je reconnais encore un prélat maronite et le fin et charmant archevêque melkite, Monseigneur Qāḍī.
Myriam Harry. Damas, jardin de l'Islam. J. Ferenczi & Fils 1948.
Photo credit: Wolf-Dieter Lemke. Stefan Weber. Damascus, Ottoman Modernity and Urban Transformation 1808-1918. Proceedings of the Danish Institute in Damascus V 2009.
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