- On dit encore que Richard Cœur de Lion éprouvait une telle admiration pour Saladin qu'il lui demanda d'épouser sa sœur, Sitt aš-Šām, la princesse auguste et dérobée aux regards que votre Renaud de Châtillon, notre "Arnaud", osa capturer, elle, ses trésors et sa caravane, lorsqu'elle se rendit à la Mecque en Pèlerinage. Vous savez, n'est-ce pas?
- Non. Mais je m'explique maintenant pourquoi, après la terrible défaite des Croisés à Tibériade, le sultan Saladin poignarda de sa propre main Renaud, alors qu'il rendit la liberté au roi de Jérusalem et à tous les nobles seigneurs. On a prétendu que c'était parce que Renaud s'était rendu coupable de félonie, mais ne trouvez-vous pas que ce geste violent, chez l'homme le plus patient et le plus généreux, ressemble plutôt à une haine de rival? Qui sait? Votre Saladin éprouvait peut-être autant de tendresse pour la "Dame de Damas" que Hārūn ar-Rašīd pour sa sœur al-ʿAbbāsā? Vous ne croyez pas?
Tawfīq Ṭāriq Bey esquissa un petit sourire ironique:
- Non, je ne crois pas. Saladin était d'une tout autre trempe que le calife Hārūn. Vous autres, Français, vous respirez le roman partout!
- Non, je ne crois pas. Saladin était d'une tout autre trempe que le calife Hārūn. Vous autres, Français, vous respirez le roman partout!
Myriam Harry. Damas, jardin de l'Islam. J. Ferenczi & Fils 1948.
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