Après les courses, une collation au salon du Casino. Le haut-commissaire tient une coupe de champagne, l’émir Fayçal un verre de limonade. Ils échangent d’amènes propos. Pourtant une légère ombre s’étend sur le clair visage du général, atténue la bonté du regard bleu. Quant au Chérif, comment lire en ces profondes prunelles de feu autour desquelles la blondeur soyeuse du voile pastoral coule sa douceur?
Presque de même taille, on ne saurait imaginer opposition plus marquée. Si ge général, tout est franchise française, énergie militaire, netteté de lignes, le prince d’Arabie, reculé dans les étoffes, fondu avec les plis de son manteau, ne laisse à découvert que de fines mains nerveuse de sultane.
On dirait qu’il résume en lui seul, tout l’inquiétant, fascinant mystère de l’Islam, toute la fuyante, subtile finesse d’une très vieille race sacerdotale, réveillée à une foudroyante modernité, après un rêve de mille ans.
Comment deux chefs aussi dissemblables sauraient-ils se comprendre, sauraient-ils accorder leurs ambitions nationales?
Myriam Harry. Damas, jardin de l'Islam. J. Ferenczi & Fils 1948.
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