Wednesday, July 14, 2021

Madrasa Jaqmaqīyā: exubérance de l'art mamlūk


La 
polychromie gagne en importance avec une déconcertante rapidité: elle envahit toute la façade, - sur laquelle de longs bandeaux épigraphiques, en grands caractères élégants et sveltes, mettent déjà une note décorative toute nouvelle, - et elle se complique d'incrustations de marbre rouge, blanc, gris. Bientôt ces matériaux ne paraissent pas assez rutilants et on leur ajoute de la faïence bleu turquoise. A la fin de l'époque mamlūk, la négligence deviendra telle que ces incrustations ne seront même plus exécutées en pierre, mais en stuc coloré, maintenu en place par des incisions superficielles du parement.  La polychromie ne règne pas seulement sur la façade des édifices; elle gagne l'intérieur et en chasse le décor sculpté, trop long à exécuter, trop onéreux, exigeant aussi un sentiment artistique que l'époque est loin de posséder. Désormais, les parois sont revêtues de placages de marbres de couleur, dessinant des combinaisons géométriques généralement très compliquées. Ce mode de décoration offre l'avantage de permettre le travail en série, et le plus grand nombre possible de combinaisons 
différentes avec le minimum de recherches. Des peintures hautes en couleur  couvrent les vantaux, les charpentes et les plafonds (car on a abandonné l'usage de la voûte). Enfin, des vitraux, des plaques de bronze repoussé ou gravé, des mosaïques, des faïences, complètent parfois la décoration - jamais assez bariolée - du monument.



Jean Sauvaget. L'architecture musulmane en Syrie. Revue des arts asiatiques 1934


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