Tuesday, August 10, 2021

Dix ans après



Je suis revenue à Damas dix ans après. L'émir Fayṣal était roi de l'Irak. La Syrie avait un Président de la République. 

Cette fois, j'arrivais du désert transjordanien, sur l'aride route des pèlerinages de la Mecque, qui longe le noir Ḥaurān volcanique, et c'est en pénétrant par le "Portail d'Allah" que je revis - ah! quels délices! - des peupliers frissonner autour des mosquées et de vieux saules pleurer les vieux couvents. 

Et quels délices encore, de retrouver le Baradā, et l'hôtel des conspirateurs" presque inchangé....

Hélas! por moi, plus de chambre-fée, tout est archi-plein, je dois m'addresser ailleurs, à l'Hôtel d'Orient, moins romanesque, mais si accueillant et frais avec son jardin de roses, ses vasques soupirantes, avec sa salle à ciel ouvert, où des orangers laissent rouler leurs oranges trop mûres autour des tables...

Évidemment, alentour, l'aspect de Damas s'est modernisé en ces dix ans. Le marécage de la dervicherie de Sulaymān le Magnifique est asséché. Un large boulevard, le boulevard de Baġdād, relie, à travers la Ġūṭā redoutée la vieille et la nouvelle ville chrétienne. Un monument à la gloire du capitaine méhariste Gaston Descarpentries, se dresse ans un vaste square.... Le canon a nettoyé pas mal de rues, d'autres ont flambé dans un de ces incendies qui dévorent en une seconde des maisons construites comme des nids d'oiseaux, avec les matériaux des jardins. 



Myriam Harry. Damas, jardin de l'Islam. J. Ferenczi & Fils 1948. 


Myriam Harry

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