Sunday, August 8, 2021

Déjeuner chez le descendant du prophète


À mi-hauteur de Ṣāliḥīyā - les Champs-Élysées de Damas - dans une de ces maisons stambolitaines, aux minces parois badigeonnées et à innombrables fenêtres plates, la résidence de l'émir Fayṣal, reconnaissable à l'étendard chérifien.


La guérite est vide de sa sentinelle, aucun factionnaire sous la voûte. Simplicité et confiance patriarcales. Je monte au premier étage; là, aussi, sieste ou prière méridienne. Enfin, un secrétaire qui a fait son droit au quartier Latin m'introduit dans un salon, meublé à la nouvelle mode de Damas: sièges nacrés, aussi hauts et inconfortables qu'ils étaient autrefois bas et moelleux. Beaux tapis de Perse, étendus sur un sol en terre battue; aux murs, les photograpjies agrandies du roi Ḥusayn et de des fils ʿAlī et ʿAbdallah, calmes et fiers visages, encadrés de peluche rouge.

L'émir Fayṣal apparaît, tel que je le vis le premier jour, noble, affable, svelte, plus svelte encore dans sa redingote noire, affranchi du flottant manteau. Mais la haute cordelière d'or couronne son front altier et fixe les plis du voile broché à long effilés.

À table, il en relève les pans et les piques sous la torsade. Alors son régulier profil, sa barbe  ronde, l'arc superbe de ses sourcils réunis, rappellent l'inexprimable majesté d'un roi achéménide.



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