Mercredi 21 octobre 1925
Là, il n'y a pas de Français!... En effet des soldats de la Légion syrienne apparaissent sur des tas de décombres qui sont les restes du merveilleux palais des Mille et une Nuits. On aperçoit au travers d'une porte brisée la cour dévastée. Du corps de logis si curieux qui surmontait cette porte, plus rien! On nous raconte que l'assaut y fut donné pour prendre Sarrail, comme nous l'avions deviné, que les soldats français le défendirent pendant trois jours sans être ravitaillés en munitions ni en nourriture, qu'ils furent délivrés par les tanks. Des gens m'affirment que le pillage n'est pas le fait des insurgés, qui reculèrent devant la fusillade des tanks, mais de la populace, qui se précipita dans la cour quand le palais fut abandonné par les soldats. C'est elle qui brisa les faïences, les antiquités, vola les médailles, jeta dans le miroir d'eau ce qu'elle ne put emporter.
Notre ami, H̱ālid Muāḏ, arriva juste comme on pillait la bibliothèque et qu'on se partageait pour quelques piastres les plaques photographiques qu'on n'avait pas brisées. Il supplia ces gens de laisser le reste, les menaçant de la colère des Français et d'être fusillés si l'on trouvait des objets en leur possession. Certains Juifs, nous dit-on, ont déjà subi ce sort.
Alice Poulleau. À Damas sous les bombes. Journal d'une Française pendant la révolte syrienne 1924 - 1926 (p. 94-95). Ed. Bretteville Frères, (Paris 1926).
Photo Stironi
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