La Légion Syrienne |
Épilogue.
Une situation paradoxale, qui durera encore huit longs mois, obligera les troupes du Jabal ad-Durūz à entreprendre une foule de petites opérations parfois meurtrières.
Qu'on en juge:
- En octobre 1926, une colonne opérant dans le Maqran est, aux confins des laves du Ṣafa, enfume, au moyen d'obus fumigènes, des rebelles réfugiés dans une grotte, mais ne peut empêcher ces derniers de s'échapper pendant la nuit.
- En novembre, deux colonnes traquent des bandes réfugiées dans al-Lajāt; elles se battent pendant toute la journée mais sans parvenir à cerner les insurgés et elles se retirent, à la nuit tombée, ramenant leurs morts et leurs blessés; trente et un tués, dont un officier, dix-huit blessés, dont deux officiers.
- En décembre, une bande commandée par le frère de Sulṭān se fait héberger par le village de ʿAnz; deux escadrons de partisans, soutenus par une colonne légère, partent de Ṣalẖad, dès que le renseignement est connu; ils accrochent la bande, se battent jusqu'au soir et encerclent le village; les rebelles parviennent quand même à s'enfuir, pendant la nuit, par un ravin à pic qui borde les maisons.
- En janvier 1927, une bande est signalée à Tell al-Lōz, à douze kilomètres de Ṣalẖad; un groupe mobile de deux escadrons de spahis et deux autres de partisans enferme les insurgés dans le village; on se bat avec acharnement, les rebelles subissent de lourdes pertes, mais réussissent tout de même à s'échapper pendant la nuit, et la bande est signalée à Sāla سالة le lendemain.
- En mars, quatre détachements légers, comprenant des tirailleurs algériens, des spahis, des partisans druzes et les fameux escadrons šarkas du capitaine Collet, encerclent al-Lajāt, pénètrent à l'intérieur, refoulent l'adversaire dans les laves et les rochers, mais la nuit venue les rebelles disparaissent.
- En juin 1927, trois escadrons de partisans druzes et quatre de šarkas, exécutent un raid dans les laves du Ṣafa, en direction d'al-Houé (?! al-Huwayya الهويّا), où une bande est signalée. Elle y est en effet le matin même où nos escadrons se mettent en route, mais lorsque ceux-ci y arrivent ils trouvent place vide.
Brusquement, la situation change du tout au tout en ce même mois de juin 1927, lorsque les Britanniques signifie à Sulṭān, à Šahbandar et à leurs acolytes qu'ils sont indésirables sur le sol Transjordanien et qu'ils doivent vider les lieux.
A partir de ce moment, il ne sera plus tiré un coup de fusil au Jabal et il n'y aura plus de brigandages.
Quelques semaines plus tard, des officiers français iront à al-ʾAzraq pour organiser le rapatriement au Jabal des familles druzes qui y sont campées.
L'insurrection druze aurait été terminée un an plus tôt, au lendemain même de la prise de Ṣalẖad, en juin 1926, si la décision ci-dessus avait été prise à cette époque.
Bien des ruines auraient été ainsi évitées et bien des vies humaines épargnées!
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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