Le système des groupes auxiliaires, recrutés dans le pays, et opérant conjointement avec des troupes régulières, a donné d'excellents résultats dans les régions d'Alep et de Damas, où les escadrons šarkas ont été employés à réprimer les troubles. Connaissant le pays et parlant sa langue, les partisans sont un puissant moyen de rapprochement avec une population qui fait le vide devant nos colonnes. En opérations, ils sont très utiles pour dépister les insurgés, prendre contact avec eux et orienter les troupes régulières sur les points à attaquer. Au cantonnement, dans les villages, ils ne le sont pas moins par les renseignements qu'ils peuvent recueillir, mieux peut-être que les émissaires secrets, dont les rapports sont quelquefois fantaisistes.
Habiles cavaliers, plus légers que les spahis, parce qu'ils n'ont pas de convois avec eux, montés sur des chevaux syriens résistants, habitués à galoper dans les cailloux et à passer par les sentiers les plus difficiles, les partisans sont tout particulièrement aptes à la guerre de contre-guérilla qui nous est imposée dans ce pays montagneux tout en rochers et en ravins.
D'autre part, il n'est pas défendu de penser qu'incorporés dans nos rangs, ils sont peut-être autant de rebelles de moins au service de l'insurrection.
Ces considérations nous font envisager le recrutement d'auxiliaires druzes, chaque homme arrivant avec son cheval et son fusil et recevant un salaire mensuel de sept livres-or, avec lequel il pourvoit à sa nourriture et à l'entretien de sa monture.
La question du commandement est plus délicate; il ne peut être question de donner à ces groupements des cadres complets d'officiers et de sous-officiers; il semble préférable de les laisser vivre à leur guise, sous la direction de chefs de leur race, avec un officier français seulement par escadron, pour l'emploi tactique de l'unité, et un sous-officier pour régler les questions de solde.
Ces propositions soumises et acceptées par le général commandant l'armée du Levant, sont portées à la connaissance des Druzes dans les villages soumis et des émissaires vont les indiquer dans les régions rebelles.
Aussitôt les conditions d'enrôlement connues, les demandes se font si nombreuses que, quelques jours plus tard, nos trente partisans du début sont devenus un magnifique escadron de cent fusils avec, comme adjoint à l'officier français, un cousin de Sulṭān, ʾIbrāhīm bey al-ʾAṭraš, ex-capitaine de gendarmerie à soueida; et que l'organisation d'un deuxième escadron est également amorcée.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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