Thursday, August 3, 2023

L'intransigeance des insurgés

 


 30 avril 1926. - Nous avons vu, qu'au lendemain de la bataille de Soueida, les cheikhs druzes, réunis à al-ʿAfīna العفينة, n'ont pas tous approuvé Sulṭān dans son projet d'attaque du camp français établi sous la capitale, et que l'assemblée s'est séparée sans rien décider quant à la continuation des hostilités. Le 27 avril, une nouvelle réunion a lieu au même endroit; le docteur Šahbandar et les quatre chefs religieux du Jabal y assistent; cette fois, à l'unanimité, on se range à l'idée de poursuivre la lutte. On décide notamment de couper les routes conduisant à Soueida, avec des groupes de cavaliers qui empêcheront les villageois de se rendre à la capitale pour y faire leur commission. L'émissaire qui rapporte ce renseignement affirme que les cheikhs religieux ont autorisé la mise à mort des Druzes allant à se soumettre. 


1er mai. - Un autre émissaire renseigne qu'à Rīmat al-Fuẖūr ريمة الفخور, village appartenant au cheikh religieux Maḥmūd abu Faẖr, les notables ont insisté auprès de ce cheikh pour qu'il fasse connaître aux autorités françaises le désir de soumission de la population. Par contre, à dix kilomètres de là, à Najrān, le même émissaire a été éventé, battu, traité d'espion et n'a pu se dégager qu'avec l'aide de quelques habitants amis. Il a vu circuler dans ce village une Maḍbaṭa (référendum) de Sulṭān al-ʾAṭraš demandant la signature des cheikhs pour que soit admis, comme licite, le sang des druzes pris au délit de soumission.          

2 mai. - Les chefs des villages Walġa ولغة et Salīm se présentent aujourd'hui devant nos lignes; conduits auprès du général, ils font acte de soumission. Il leur est répondu que bonne note est prise de leur désir, mais que la soumission n'aura son plein effet que lorsque les fusils de guerre auront été remis. 

Questionnés, ces notables avouent que les familles ne sont pas encore rentrées dans leurs foyers parce qu'elles craignent nos soldats. On s'emploie à leur redonner confiance et des saufs-conduits sont remis, pour leur permettre de revenir avec les armes des villages, dont le versement conditionne la soumission.










Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937. 

Photo (Rīmat al-Fuẖūr): Syria

No comments:

Post a Comment