A Ḏībīn ذيبين, la colonne dresse son bivouac autour du village.
Fāris bey retrouve sa famille qu'il a quitté il y a six mois sous la menace de Sulṭān; il constate le pillage de ses récoltes et l'incendie d'une dépendance de son châteaux, œuvre des rebelles. Les paysans sont visiblement heureux de revoir leur cheikh, auquel ils confiient ce qu'ils savent des insurgés, leurs renseignements se résument en ceci: treize drapeaux (c'est-à-dire les guerriers de treize villages) sont rassemblés à ʾUmm ar-Rummān أمّ الرمّان en vue de barrer la route de Ṣalẖad à la colonne française.
De la terrasse de l'habitation de Fāris bey on aperçoit, à quatre kilomètres à l'est, les premières maisons du village rebelle, ʾUmm ar-Rummān; des silhouettes d'hommes se profilent sur la crête rocheuse qui, au nord et au sud de la localité, forme une barrière surélevée, perpendiculaire à la direction que nous suivrons demain. Très forte position donc pour l'ennemie, car le terrain entre Ḏībīn et ʾUmm ar-Rummān est un véritable lacis, sur lequel nos unités devront évoluer à découvert, sous les yeux d'un adversaie bien retranché.
A deux kilomètres au nord du village, une tour, à allure de fortresse, marque le point culminant de la position adverse; point qu'il faudra obligatoirement conquérir avant de laisser les convois s'engager dans le village, seul passage possible pour les voitures et les camions.
La mission est ainsi défini: attaquer et s'emparer de la position "tour-forteresse", s'y établir solidement et interdire à l'ennemi tout retour offensif en direction d'ʾUmm ar-Rummān, pendant tout le temps que les convois mettront à travverser le village.
La manœuvre ainsi arrétée, une délégation d'officiers se rend à la réception organisée par Fāris bey. Ce grand ami de notre pays est ému à notre arrivée chez lui; il remercie pour l'accueil que nous lui avons fait quand, chassé par l'insurrection, il est venu avec son fils se placer sous notre protection. Il affirme encore son indéfectible dévouement à la cause française et termine en souhaitant le succès à nos armes et en faisant des vœux pour que le peuple druze revienne bientôt à la raison.
Courte et amicale réponse du général et chacun de nous va se reposer quelques heures.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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