Dans le Maqran (région) nord, le vent de soumission qui y soufflait il y a une huitaine de jours est, aujourd'hui, contrarié par les agissements des deux bandes rebelles, conduites l'une par Mitʿb bey al-ʾAṭraš, et l'autre par un féodal de Wādi al-Liwāʾ: ʿIzz ad-Dīn al-Ḥalabi.
Dans le Maqran sud, fief des al-ʾAṭraš, la révolte gronde comme aux premiers jours; la ville de Ṣalẖad en est le centre le plus actif. C'est dans cette région que se trouve les meilleurs guerriers druzes, comme aussi les plus fanatiques; mais, avant d'y conduire les troupes, il paraît plus logique de pousser plus avant la pacification du nord.
Une colonnes comprenant sept bataillons d'infanterie, un régiment de cavalerie et deux batteries d'artillerie, part de Soueida le 15 mai 1926 à la pointe du jour. La flanc-garde de droite est fortement consituée avec deux bataillons de tiralleurs, au lieu d'un habituellement, par suite de la présence des bandes dans la montagne, vers Qanawāt.
La colonne arrive péniblement jusqu'à hauteur du village d'ʿAtīl عتيل, où quatre paysans porteurs de drapeaux blancs déclarent que les insurgés ont couché dans la localité la nuit précédente, ont obligé les habitants à obstruer le chemin avec des pierres, et sont repartis ce matin vers le haut de la montagne en emmenant le cheikh du village comme otage,
Ce renseignement sur la présence des bandes est confirmé par un messae qu'un avion vient de laisser tomber, et, presqu'aussitôt, on entend, sur notre droite, des éclatements de bombes de l'aviation et des détonations d'obus du canon de 120 de Soueida, lequel, alerté par les aviateurs, canonne les boqueteaux à l'est de ʿAtīl, où se chachent les insurgés.
A l'avant-garde, les partisans druzes montrent du mordant; arretés devant une crête tenue par les rebelles, une partie de l'escadron met pied à terre et tire sur l'adversaire, tandis que l'autre galopant vers la gauche cherche à tourner l'ennemi; mais les insurgés, comprenant la manœuvre, se replient rapidement sur Šahba.
La fusillade cesse et l'avant-garde entre déjà à Salīm, où la colonne va passer la nuit, lorsque de nouveaux coups de canon se font entendre en arrière et à droite. Une compagnie de la flanc-garde, qui s'est avancée jusqu'au village d'ʿAtīl, dont les alentours ne sont que jardins et bosquets touffus, se trouve nez à nez en face de rebelles avec lesquels elle engage un furieux combats, où les adversaires se fusillent à bout portant.
Episode bref, mais violent, qui montre une fois de plus combien le druze est entreprenant dans l'offensive.
Édouard Andréa. La Révolte druze et l'insurrection de Damas, 1925-1926. Payot, Paris 106 Boulevard St. Germain, 1937.
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